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Regard critique d’un sénateur sur les négociations commerciales

( Barry Wilson du Western Producer )

Selon un sénateur libéral influent, les producteurs canadiens qui dépendent des marchés d’exportation devraient s’inquiéter de la capacité du Canada de négocier un bon accord de libre-échange avec l’Union européenne à la lumière du piètre accord négocié avec le Pérou.

Percy Downe, sénateur de l’Île-du-Prince-Édouard et ancien chef de cabinet du premier ministre Jean Chrétien, est d’avis que les négociateurs canadiens ont défavorisé les exportateurs dans l’accord de libre-échange avec le Pérou entré en vigueur l’été dernier.

Malgré l’importance qu’il accorde aux accords commerciaux bilatéraux, le gouvernement conservateur a effectué un piètre travail de négociation, a indiqué M. Downe.

Les producteurs figurent parmi les plus désavantagés, a-t-il dit le 29 octobre au cours d’une entrevue.

La raison en est, selon lui, que le Canada ne considérait pas l’accord avec le Pérou comme une grande priorité et qu’il a confié le travail de négociation à des fonctionnaires de niveau inférieur.

« Le Pérou tenait beaucoup à conclure un accord de libre-échange. Si nous ne pouvons pas faire mieux avec un partenaire aussi bien disposé, je pense que nous avons un problème », a ajouté M. Downe.

« C’est difficile à comprendre. Le gouvernement a déclaré que les accords bilatéraux de libre-échange étaient une priorité, mais dans ce cas-ci tout laisse croire le contraire. »

Il a affirmé que l’accord conclu avec le Pérou est désastreux pour le Canada, tout particulièrement pour le secteur de l’agriculture.

Les producteurs de pommes de terre et les exportateurs de bœuf et de porc ont un accès moins favorable au marché péruvien que les exportateurs des États-Unis, ce qui les place dans une position concurrentielle désavantageuse.

Par exemple, les tarifs douaniers péruviens sur les importations américaines de pommes de terre ont été abolis immédiatement en vertu de l’accord américano-péruvien alors que les exportateurs canadiens devront attendre dix ans l’abolition complète des tarifs, sauf pour les semences.

Dans le cas de la production porcine, les États-Unis ont négocié l’abolition graduelle des tarifs sur cinq ans alors que les producteurs canadiens devront attendre 17 ans.

M. Downe a signalé que le Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international, dont il fait partie, s’est plaint que l’accord négocié avec les États-Unis donne aux exportateurs américains le même accès que celui dont bénéficieront à l’avenir les autres partenaires du Pérou. Selon le Comité, le Canada n’a pas obtenu la même clause des droits acquis, de sorte qu’il va prendre du retard par rapport aux États-Unis et à d’autres pays.

Dans un commentaire publié la semaine dernière, M. Downe a soutenu qu’avant de trop s’engager dans les pourparlers sur un éventuel accord de libre-échange avec l’Union européenne, le gouvernement devrait admettre qu’il a négocié un accord désavantageux avec le Pérou et tirer des leçons de cette expérience.

Les pourparlers avec l’Union européenne ont commencé en octobre.

Des témoins entendus par le Comité du commerce international de la Chambre des communes la semaine dernière ont indiqué que les négociateurs canadiens ont obtenu un accès au marché colombien moins favorable que les Américains pour les produits agricoles. Cependant, les deux accords n’ont pas encore été approuvés et restent bloqués dans les dédales politiques du Congrès et de la Chambre des communes.

M. Downe a dit que le gouvernement canadien doit affecter une équipe extrêmement solide à chaque série de négociations, car le résultat obtenu influe sur les autres négociations.

« Le gouvernement canadien a besoin de consolider son équipe de négociation pour qu’elle se compose des meilleurs éléments des secteurs public et privé », a-t-il ajouté la semaine dernière dans son commentaire écrit.

« Au lieu de se placer sur la défensive en niant que des erreurs ont été commises dans les négociations avec le Pérou, le gouvernement canadien doit apprendre de ses gaffes pour éviter de les refaire. C’est un moment de notre histoire où il aurait grandement intérêt à ravaler son orgueil pour empêcher le pays de se faire étrangler par un accord avec l’Union européenne qui pourrait nous coûter cher pendant plusieurs générations. »

 
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