Débats du Sénat (hansard) 
              1re Session, 41e Législature, 
              Le mardi 28 février 2012  
              Interpellation - 
                L'évasion fiscale à l'étranger               
              L'honorable Percy E. Downe, ayant donné  avis le 7 février 2012 : 
                              Qu'il attirera l'attention du Sénat sur : 
              a) le problème des Canadiens qui fraudent le fisc en  dissimulant des actifs  dans des paradis fiscaux à l'étranger; 
b) les torts que cette situation cause au Canada, en  recettes perdues et en répercussions sur les Canadiens qui respectent la loi et  qui paient leur juste part d'impôts; 
              c) les efforts dérisoires faits par l'Agence du revenu  du Canada pour découvrir les évasions fiscales à l'étranger, y mettre fin et  prévoir des mesures dissuasives et comment, comparativement à des organismes à  vocation semblable dans d'autres pays, l'ARC ne fait pas le poids; 
              d) le fait que cette situation, qui s'ajoute aux  scandales ayant éclaboussé récemment l'ARC, pourrait nous porter à croire à  l'existence de problèmes graves à l'Agence; 
              e) les craintes que cette situation tienne à un manque  de leadership de la part du gouvernement du Canada. 
                 
                — Honorables sénateurs, je veux moi aussi parler de l'Agence du revenu  du Canada, mais, contrairement au sénateur Eaton, je veux parler de l'argent  qui sort du pays; je veux parler de l'évasion fiscale à l'étranger. 
                              Comme vous le savez, honorables sénateurs, je suis ce dossier depuis un  certain nombre d'années. La dernière fois que j'en ai parlé, un journaliste m'a  demandé : « Savez-vous si certains de vos collègues au Sénat ont des comptes à  l'étranger? » J'ai répondu : « Non, mais vous voudrez peut-être faire vous-même  des vérifications; il y a peut-être de riches journalistes qui ont des comptes  à l'étranger. » En effet, il n'y a jamais de divulgation, parce que les noms ne  sont pas rendus publics. 
                 
                Dans ce cas-ci, je veux parler d'une banque au Liechtenstein où il y a  eu enquête sur la façon dont l'information était reçue. Un employé de la banque  a volé l'information à son établissement, il est rentré dans son pays et il  ensuite proposé de vendre l'information. Chose étrange, le gouvernement de  l'Allemagne lui a acheté cette information, puis il l'a communiquée aux autres  pays dont des ressortissants figuraient sur la liste. Dans le cas de cette  banque du Liechtenstein, il y avait sur la liste 106 Canadiens qui avaient des  comptes secrets, non déclarés. 
                              Le problème se trouve à l'Agence du revenu du Canada. D'après son site  Web, son mandat est le suivant : « Exécuter les programmes fiscaux, de  prestations et autres, et assurer l'observation fiscale pour le compte de  gouvernements dans l'ensemble du Canada, de façon à contribuer au bien-être  économique et social continu des Canadiens. » 
                              Malheureusement, les efforts anémiques de recherche de ceux qui fraudent  à l'étranger sont un indicateur troublant qui montre que l'ARC a du mal à  remplir son mandat et que, à bien des occasions, elle a échoué. 
                              La fraude fiscale à l'intérieur du Canada fait également problème. Les  médias ont signalé récemment que la GRC menait une enquête sur des allégations  de corruption chez les fonctionnaires de l'ARC et que cette enquête avait été  élargie pour porter sur des fonctionnaires de nombreux bureaux de l'agence. Des  enquêtes se font depuis 2008 à cause d'allégations selon lesquelles des  vérificateurs fédéraux aident des entreprises à frauder l'impôt au Canada en  fermant les yeux sur des revenus non déclarés. 
                              Trois vérificateurs de l'ARC ont été congédiés parce qu'ils étaient  soupçonnés d'avoir partagé un compte bancaire de près de 2 millions de dollars  avec un propriétaire d'entreprise qui avait plaidé coupable à des accusations  de fraude fiscale. Ces enquêtes soulèvent de graves questions au sujet de  l'état et de la compétence de la direction actuelle de l'ARC, et il y a là un  lien direct avec mes inquiétudes au sujet de problèmes massifs de fraude  fiscale commise à l'étranger. 
                              En 2007, comme je l'ai dit, le gouvernement du Canada a reçu de  l'information du gouvernement de l'Allemagne. C'est grâce à ce coup de chance  que l'ARC a obtenu sur un plateau d'argent la liste de ces 106 tricheurs. 
                              Au fil des ans, j'ai fait ce que j'ai pu pour suivre cette affaire en  faisant des demandes d'accès à l'information, en posant des questions écrites  au Sénat et en correspondant avec divers ministres. Je dois avouer que je suis  déçu de ce que j'ai trouvé. Si on fait une comparaison avec ce qui s'est fait  dans d'autres pays — aux États-Unis, il y a eu des audiences au Capitole, en  Allemagne, il y a eu des descentes policières et dans le monde entier il y a eu  des inculpations — la réaction au Canada a été consternante, à dire vrai, au  point qu'on s'interroge sur la compétence de la direction de l'ARC. 
                              En réponse à mes demandes de renseignements, le gouvernement a admis que  l'information reçue montrait que les montants détenus dans les comptes de  Canadiens dans cette banque du Liechtenstein totalisaient plus de 100 millions  de dollars. Le plus petit compte s'établissait à 500 000 $ tandis qu'un autre  dépassait les 12 millions de dollars. Il s'agit donc de Canadiens très riches. 
                              Lorsque j'ai soulevé la question, le gouvernement fédéral a fait plein  de promesses et tenu un discours intransigeant. En 2009, celui qui était alors  ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, a déclaré ceci : 
                              Les gens se sont aperçus que c'était une question de temps avant que  nous les attrapions [...] Je leur dis que nous allons les attraper, que nous  allons les trouver. 
                              Plus tôt cette année, il a dit que la fraude fiscale était « un grave  problème au Canada » et a ajouté que « si quelqu'un nous doit quelque chose,  nous allons récupérer ce qu'il nous doit ». 
                              Depuis 2007, toutefois, les paroles ne se sont pas traduites par des  résultats, loin s'en faut. L'année dernière, l'Agence du revenu du Canada a  déclaré n'avoir recouvré que 6 millions de dollars en arriérés d'impôt,  intérêts et pénalités sur l'argent dissimulé par des Canadiens au  Liechtenstein. Comme la somme totale dissimulée dépassait 100 millions de  dollars dont, comme je l'ai dit, 12 millions déposés dans un seul compte, c'est  bien peu. 
                              Quand on mentionne les intérêts et les pénalités, un autre fait ressort  clairement : pas un seul cent d'amende n'a été réclamé et ce, parce qu'aucune  accusation n'a été portée. Dans les quatre années qui ont suivi la mise au jour  de cette information, pas un seul des Canadiens qui ont dissimulé des fonds à  l'étranger pour se soustraire au fisc au Canada n'a comparu devant un juge au  Canada ou à l'étranger. 
                              Tout à l'opposé de ce qui s'est fait au Canada, au Royaume-Uni,  plusieurs centaines de citoyens étaient menacés de poursuites en juillet 2008,  quelques mois seulement après que l'existence de leurs avoirs dissimulés au  Liechtenstein ait été rendue publique. Durant la même courte période, le fisc  allemand a forcé les fraudeurs qui avaient des avoirs au Liechtenstein à payer  plus de 150 millions de dollars. 
                              Enfin, depuis que le scandale a été mis au jour en 2008, pas moins de 20  pays ont conclu des accords d'échange d'information fiscale avec le  Liechtenstein afin de tenir à l'œil leurs citoyens qui pratiquent l'évasion  fiscale. Les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, la France et l'Allemagne  ont tous signé des accords. Même des pays comme Saint-Vincent et les  Grenadines, l'Andorre et les îles Féroé — un territoire autonome du Danemark  composé de 18 îles situées dans l'Atlantique Nord et comptant une population de  50 000 habitants — ont signé des accords d'échange d'information avec le  Liechtenstein. 
                              Devinez qui n'a pas encore conclu d'accord? Le Canada. Si tous ces pays,  petits et grands, peuvent conclure un accord aussi rapidement, pourquoi faut-il  des années au Canada pour en faire autant? En comparaison avec même certains  des plus petits pays, la réaction du Canada au scandale fiscal peut être  qualifiée, au mieux, de laxiste. La question est pourquoi. N'importe quel  résident ordinaire du Canada qui ne déclarerait pas ses revenus serait harcelé  par l'Agence du revenu du Canada. 
                              (1740) 
                              Pourquoi y a-t-il deux poids, deux mesures pour les riches Canadiens qui  ont des comptes bancaires que cachés à l'étranger dans des paradis fiscaux  reconnus? En fait, ces fraudeurs fiscaux semblent avoir reçu un traitement de  faveur de la part de l'ARC après qu'elle eut découvert qu'ils cachaient de  l'argent au Liechtenstein. En réponse à l'une de mes questions écrites, l'ARC a  révélé que, en date du 20 juin 2010, 20 des 106 résidants du Canada qui  détenaient des comptes au Liechtenstein avaient profité du Programme des  divulgations volontaires de l'ARC, le PDV. Le PDV permet aux contribuables de  corriger toute information incomplète ou erronée ou de fournir des  renseignements qu'ils n'avaient pas déclarés auparavant à l'ARC, sans être  passibles de pénalités ou de poursuites. 
                              Pour que la divulgation en vertu du PDV soit valide, elle doit être  volontaire. Selon la propre définition de l'ARC, la divulgation même volontaire  n'est plus valide lorsque « le contribuable était au courant, ou avait  connaissance, qu'une vérification, qu'une enquête ou qu'une autre mesure  d'application était prévue par l'ARC [...]. » 
                              Puisque que l'ARC a aussi révélé que les 106 Canadiens qui détenaient  des comptes au Liechtenstein faisaient tous l'objet de certaines mesures  d'observation, aucun d'entre eux n'aurait dû être admissible au Programme des  divulgations volontaires. En fait, l'ARC avait plus tôt indiqué, dans une  réponse à une question écrite, qu'« étant donné que des mesures d'observations  ont été entreprises à l'égard de tous les contribuables inscrits sur la liste »  — c'est-à-dire les 106 contribuables — « ils ne sont plus admissibles à des  fins de considération dans le cadre du PDV. » C'était le 20 avril 2009. 
                              Par la suite, l'ARC a modifié sa politique. 
                              C'est assez simple : au moins 20 riches Canadiens ont évité des  pénalités ou des poursuites parce qu'ils ont bénéficié d'un traitement de  faveur. Pourquoi? Il est inacceptable que, après leur avoir donné un congé  d'impôt, ce gouvernement qui dit vouloir lutter contre la criminalité permette  à ces fraudeurs fiscaux d'éviter des poursuites. 
                              Les Canadiens qui utilisent les services des banques du Canada paient  tous leurs impôts. Pourquoi les Canadiens qui ont des comptes à l'étranger,  dont certains contiennent des millions de dollars, se voient-ils accorder un  congé d'impôt par le gouvernement? Qui est protégé? Pourquoi le gouvernement ne  lutte-t-il pas contre les criminels qui fraudent le fisc? 
                              L'affaire du Groupe LGT du Liechtenstein n'est pas restée unique  longtemps. Quelques années plus tard, une situation semblable s'est produite au  sujet d'une banque en Suisse. Encore une fois, le gouvernement du Canada a  bénéficié du travail d'autres pays en recevant les coordonnées de 1 785 comptes  détenus par des Canadiens dans cette seule banque suisse. Je n'ai pas autant à  dire sur cette affaire, car le gouvernement est beaucoup plus discret dans ce  cas-ci, mais nous savons qu'il était impossible d'ouvrir un compte dans cette  banque avec un dépôt initial inférieur à 500 000 $, et que si l'ARC se penche  sur ce dossier avec autant de célérité qu'elle l'a fait au sujet du  Liechtenstein, personne ici ne sera encore en vie à la conclusion de l'enquête. 
                              Peu importe que les comptes se trouvent au Canada ou à l'étranger, la  question fondamentale est la même. Il en va de l'équité fiscale comme de la  justice, il faut que l'on voie qu'elle existe. Les Canadiens honnêtes,  respectueux des lois et qui paient leurs impôts ne devraient pas se sentir  trahis par un gouvernement canadien qui ne peut pas ou ne veut pas faire les  efforts nécessaires pour récupérer l'argent de Canadiens qui tentent d'éviter  de payer leur juste part. 
                              Honorables sénateurs, le gouvernement fédéral doit faire ce qui est  juste et divulguer les noms des Canadiens qui possèdent des comptes au  Liechtenstein et en Suisse. Ces riches fraudeurs, qui profitent de services  financés par les contribuables, le système de santé par exemple, lorsqu'un  membre de leur famille tombe malade ou lorsqu'eux-mêmes tombent malades,  refusent pourtant de payer leur juste part. Ces gens doivent être jugés par  l'opinion publique canadienne. 
                              Voici le point de vue de l'avocat de Heinrich Kieber, l'homme qui a volé  la liste à la banque au Liechtenstein : 
                              Les règlements conclus doivent être connus du public dans de telles  situations, et ce, pour deux raisons. Premièrement parce qu'il faut éviter les  marchés avantageux entre le gouvernement et les gens très riches et très  influents sur la scène politique. 
                              Deuxièmement, il faut dissuader ceux qui auraient l'idée de faire la  même chose. Lorsqu'une fraude fiscale est révélée au public, son auteur ne  devient pas un héros. Personne ne songera à lui décerner un prix. On ne lui  offrira pas des postes de prestige au sein de l'appareil de l'État. Et c'est  très important [...] 
                              Il faut qu'il en soit ainsi, car payer ses impôts est une responsabilité  essentielle de tout citoyen. Ce sont les contribuables honnêtes qui doivent  payer les impôts que ces individus ne paient pas. 
                              Le gouvernement a annoncé récemment que 60 000 Canadiens recevraient la  Médaille du jubilé de la reine. Je suis certain qu'aucun sénateur ne voudrait  que cette médaille soit décernée à individu qui commet des fraudes fiscales en  cachant de l'argent à l'étranger, mais, si les noms ne sont pas publiés,  comment pourrons-nous en être sûrs? 
                              Chers collègues, je voudrais que le Sénat comprenne la gravité du  problème. La banque LGT, au Liechtenstein, et la banque UBS, en Suisse, ne sont  que deux banques parmi les banques européennes. On a découvert que plus de 1  800 Canadiens cachaient de l'argent dans des comptes de ces banques. Ce n'est  que la pointe de l'iceberg. 
                              L'Agence du revenu du Canada estime que, au cours l'exercice 2009-2010  seulement, environ un milliard de dollars ont été placés dans des paradis  fiscaux, ce qui est très alarmant. Combien d'autres milliards de dollars sont  cachés dans des paradis fiscaux, à l'étranger, sans que l'Agence du revenu du  Canada le sache? 
                Je vous répète, honorables sénateurs, que, parmi les Canadiens qui  cachent leur argent au Liechtenstein ou en Suisse, personne n'a été inculpé de  fraude fiscale. Pas un seul n'a été emprisonné pour avoir trompé le fisc. On a  pu repérer des milliards de dollars en impôts impayés, mais un très petit  montant a pu être récupéré. Bref, l'Agence du revenu du Canada n'a rien fait  qui vaille concernant ce problème extrêmement grave. 
                Un rapport de l'ARC publié en octobre 2010 reconnaît le problème. Le  rapport note que beaucoup d'importants cas possibles de non-conformité  criminelle sont rejetés par les groupes d'exécution de l'agence par manque de  ressources ou à cause de la lourdeur de la charge de travail. Le même rapport  de l'ARC signalait que les bureaux choisissent les petits cas d'une faible  valeur monétaire — puis-je avoir cinq minutes de plus? 
                 
                Son Honneur le Président : D'accord? 
                 
                Des voix : D'accord. 
                 
                Le sénateur Downe : Le rapport signalait que les bureaux choisissent les  petits cas d'une faible valeur monétaire qui ne présentent pas nécessairement  les plus grands risques. En d'autres termes, les responsables de l'ARC optent  pour des solutions de facilité, en rejetant les cas risqués d'évasion fiscale  de grande envergure au profit de petites victoires un peu plus certaines. 
                              Le rapport note en outre que le secteur de vérification de l'évitement  fiscal ne renvoie au Programme d'enquêtes criminelles, service de l'ARC chargé  d'enquêter sur les cas soupçonnés d'évasion fiscale, que 0,2 p. 100 de ses  dossiers, en dépit du fait que l'évasion fiscale dans cette population est  beaucoup plus probable que dans l'ensemble de la population. 
                              Comme je l'ai déjà mentionné, les montants déposés dans des banques du  Liechtenstein totalisaient plus de 100 millions de dollars, avec des comptes  allant d'un minimum de 500 000 $ à un maximum de plus de 12 millions. Aucun de  ces cas ne peut se prêter à des mesures rapides, mais il est évident que l'ARC  devrait faire tous les efforts possibles pour recouvrer les recettes perdues  dans 100 p. 100 de ces cas d'évitement fiscal. Une proportion de 0,2 p. 100  témoigne d'un échec du leadership de la ministre Shea et de la haute direction  de l'ARC. 
                              Pour conclure, honorables sénateurs, les Canadiens ordinaires qui  respectent les lois et paient leurs impôts veulent savoir pourquoi l'ARC fait  deux poids, deux mesures. Pourquoi quelques Canadiens riches obtiennent-ils un  congé fiscal du présent gouvernement? Les Canadiens veulent savoir où est  l'honorable Gail Shea, ministre responsable de l'ARC. Pourquoi permet-elle  cette situation? Pourquoi laisse-t-elle des fraudeurs qui placent leur argent  dans des comptes secrets de paradis fiscaux échapper aux tribunaux et aux  prisons du Canada? 
              L'honorable Carolyn Stewart Olsen : Le sénateur  accepterait-il de répondre à une question? 
              Le sénateur Downe : Oui. 
              Le sénateur Stewart Olsen : C'est peut-être de l'ignorance  de ma part au sujet de ce que le sénateur nous a exposé, mais je ne sais pas  comment faire pour découvrir l'identité des fraudeurs et l'importance des  montants qu'ils ont placés dans ces paradis fiscaux. Ces renseignements ne  sont-ils pas tenus secrets par les gouvernements de ces pays? 
                              (1750) 
                              Si je comprends bien, nous sommes au courant des cas du Liechtenstein  parce quelqu'un a révélé un document. Selon le sénateur, quelles seraient les  premières étapes à suivre pour dépister ces fraudeurs? 
              Le sénateur Downe : Je ne suis certainement pas un expert, mais d'après  les documents dont j'ai pris connaissance et que j'ai mentionnés dans mon  intervention, d'autres pays ont signé des accords au sujet de l'évitement  fiscal. Par exemple, lorsque le chat est sorti du sac, dans le cas du  Liechtenstein, plus d'une vingtaine de pays avaient signé des accords de cette  nature. Si un citoyen américain ouvre un compte là-bas, le gouvernement  américain est mis au courant. Le Canada n'a rien fait pour que ce soit  possible. 
                              Autre chose. Nous signons une foule d'accords internationaux. Par  exemple, nous aurons bientôt un traité avec le Panama à étudier au Sénat. Or,  le Panama est l'un des pires refuges fiscaux au monde et, selon des allégations  sérieuses, l'argent du narcotrafic en Amérique du Sud affluerait dans ce pays.  Nous allons donc signer un accord de libre-échange. Nous pouvons exercer des  pressions sur le Panama pour obtenir un accord fiscal visant les Canadiens qui  auraient des comptes là-bas. 
                              Il y a beaucoup trop d'argent caché à l'étranger dont nous pourrions  nous servir ici pour réaliser une foule de projets. Chaque fois que nous  proposons quelque chose, la même question revient : combien cela va coûter? Où  allons-nous trouver les fonds? Il y a un montant considérable en impôts  impayés, en sanctions et en amendes que nous ne percevons pas. 
              L'honorable Catherine S. Callbeck : Le sénateur  accepterait-il de répondre à une question? 
              Le sénateur Downe : Bien entendu. 
              Le sénateur Callbeck : Le sénateur a parlé de ces 106  Canadiens. Il a dit que le total des comptes était d'une centaine de millions  de dollars et que la valeur des comptes variait entre 500 000 $ et 12 millions  de dollars. Il a ajouté que l'ARC avait permis à 20 d'entre eux de payer leur  dû en ne leur imposant aucune pénalité. Que deviennent les 86 autres? Est-ce  que l'ARC va de nouveau accepter qu'ils paient leur dû, sans plus? 
                 
                Le sénateur Downe : L'ARC m'a envoyé des documents, je ne sais plus si  c'est pour répondre à une demande d'accès l'information ou à une question  écrite. Elle m'a dit au départ que personne ne pourrait faire ce genre de  divulgation volontaire parce que l'affaire est maintenant publique et que tous  sont visés par une enquête. Elle a dit ensuite, comme je l'ai signalé dans mon  intervention, que 20 de ces contribuables ne seront pas inculpés parce qu'ils  ont fait une divulgation volontaire. 
                              Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes ont le droit et  d'autres pas, ni pourquoi l'ARC a changé sa politique. Je ne sais pas si les 86  autres personnes y échappent ou ce que l'ARC compte faire. Je ne dispose pas de  cette information. 
(Sur la motion du sénateur Carignan, le débat est ajourné.) |