29 mai 2008
Je trouve très encourageante l’initiative prise par le gouvernement de l’Île du Prince-Édouard de tenir des consultations provinciales sur notre stratégie future en matière d’énergie. Je suis persuadé que les provinces et les pays qui tiennent des consultations et des débats publics sur les orientations à adopter obtiennent une plus grande adhésion aux objectifs fixés. Comme le reste du monde, l’Île du Prince-Édouard est confrontée à une hausse du coût du pétrole et est, en outre, sérieusement touchée par le changement climatique. Il est donc impératif de tenir sans tarder un débat sur l’énergie et, surtout, de voir à ce que les décisions relatives à la stratégie énergétique de l’Île du Prince-Édouard prennent en compte nos préoccupations à l’égard du changement climatique.
Les recherches en cours continuent de montrer que le changement climatique et les inondations provoqués par l’élévation du niveau des mers auront un impact sur l’Île du Prince-Édouard. Nous devrons donc être prudents lorsque nous définirons l’orientation de notre stratégie énergétique. Il importe à mon avis que nous mettions l’accent sur l’efficacité énergétique et sur la production d’énergie renouvelable afin que nous puissions satisfaire nos besoins énergétiques et respecter nos engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre. Il faut éviter de s’engager dans le développement d’énergies qui n’ont pas fait l’objet d’évaluations environnementales axées sur l’adaptation au changement climatique.
D’autres pays comme le Danemark et la Nouvelle-Zélande ont aussi entrepris un débat en vue de définir leur stratégie énergétique. Ces deux pays ont reconnu les avantages économiques de prendre les devants en matière de lutte contre le changement climatique et du développement des énergies renouvelables. Les gouvernements des deux pays cherchent actuellement à devenir des chefs de file mondiaux de cette lutte, et l’Île du Prince-Édouard a l’occasion d’apprendre des orientations qu’ils ont données à leur stratégie énergétique.
La Nouvelle-Zélande s’est dotée d’une stratégie qui prévoit des cibles et des objectifs jusqu’en 2050. Elle a également prévu un programme d’échange de droits d’émissions et l’Île du Prince-Édouard pourrait incorporer dans sa propre stratégie de nombreuses cibles et orientations de ce pays.
Tout comme l’a fait l’Île du Prince-Édouard en 2004, la Nouvelle-Zélande a défini des cibles progressives pour les carburants renouvelables. D’ici 2025, 90 % de l’électricité de ce pays sera produite à partir de sources renouvelables. La Nouvelle-Zélande a également défini des cibles en vue de réduire de moitié d’ici 2040 ses émissions per capita d’émissions de gaz à effet de serre provenant du transport par rapport au niveau de 2007. Ce modèle présente un grand intérêt pour l’Île du Prince-Édouard car une forte proportion de nos émissions de gaz à effet de serre provient du transport.
En outre, la Nouvelle-Zélande a tenu compte dans sa stratégie non seulement du dioxyde de carbone mais aussi de tous les gaz à effet de serre, dont le méthane. Le secteur agricole occupe en effet une grande place dans ce pays et produit la moitié des émissions. L’Île du Prince-Édouard pourrait aussi envisager d’élargir le champ de réduction de ses émissions mais doit tenir compte de tous les secteurs de son économie et de leur impact sur nos émissions et notre stratégie énergétique.
L’Île du Prince-Édouard peut de nouveau définir, en matière de carburants renouvelables et de réduction des gaz à effet de serre, des cibles progressives qui pourront être atteintes. En faisant de notre province un chef de file du respect de l’environnement, nous attirerons de nouvelles entreprises désireuses d’investir dans des technologies non polluantes comme cela s’est produit dans notre secteur éolien. Nous pourrons aussi attirer à l’Île du Prince-Édouard des industriels et des chercheurs de l’industrie, et ainsi stimuler l’économie de toutes nos régions. La stratégie énergétique de notre province peut faire de nous un leader en Amérique du Nord car nous avons un secteur des TI dynamique, de nouveaux projets de développement durable ainsi que la dimension locale voulue pour attirer des promoteurs.
Le gouvernements fédéral et celui de la province ont un rôle à jouer pour attirer des entreprises désireuses de mener des études sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique et d’investir dans ces secteurs à l’Île du Prince-Édouard. Il importe surtout que les gouvernements sensibilisent les particuliers, les entreprises et l’industrie à ces questions. Voici une liste non exhaustive de mesures qui pourraient être prises à cette fin :
- Accroître les ressources dont disposent nos établissements d’enseignement. En vue d’écologiser notre économie, nous devons offrir plus de programmes de formation comme celui de technicien d’éolienne donné par le collège Holland. Nous devons voir à ce que les résidents de la province acquièrent les compétences et les connaissances les plus avancées leur permettant de travailler dans les secteurs qui rendront les infrastructures actuelles et futures plus respectueuses de l’environnement dans l’ensemble de la province et toutes les régions du Canada.
- Collaborer activement avec les chercheurs, l’industrie et les organismes gouvernementaux.
- Mettre en place des mesures pour encourager le secteur privé à innover, par exemple des crédits d’impôt à la recherche et au développement.
- Créer un fonds pour accélérer l’arrivée sur le marché de technologies peu polluantes.
- Verser une aide financière aux résidents de la province qui adoptent une approche responsable et qui optent pour des sources d’énergie plus efficaces et renouvelables.
Dans l’ensemble de l’Île du Prince-Édouard, il convient de permettre aux clients et aux entreprises d’alimenter le réseau de distribution et de contribuer au développement de l’approvisionnement énergétique local de manière à favoriser la production autonome d’électricité. Il convient aussi de prévoir des mesures pour encourager les localités à définir leur propre stratégie énergétique car pour certaines, l’éolien conviendra mieux alors que pour d’autres, ce sera l’énergie solaire ou le biogaz.
L’Île du Prince-Édouard a besoin d’appuis pour mener son initiative écologique avec l’aide des secteurs public et privé. La mise en œuvre de programmes permettant une réorientation du développement vers des technologies respectueuses de l’environnement et la sensibilisation pourrait faciliter le réaménagement du secteur de l’énergie dans notre province.
L’Île du Prince-Édouard a eu l’occasion de redéfinir ses secteurs et son économie en raison des défis posés par la hausse du prix des carburants et par les changements climatiques.
Il ne faut ménager aucun effort pour sensibiliser les particuliers, les entreprises et l’industrie et pour les encourager à adopter les procédés les plus éconergétiques et à développer les sources d’énergie renouvelables. Les possibilités de collaboration entre les gouvernements fédéral et provincial ne manquent pas pour assurer à l’Île du Prince-Édouard un avenir plus stable et prospère, dans le respect de l’environnement. |