À combien de financement fédéral l'Île‑du‑Prince‑Édouard peut‑elle s'attendre pour le
150e anniversaire de la Conférence de Charlottetown de 1864?
16 juin 2012
Publié dans:: The Guardian (Charlottetown)
Au cours des dernières décennies, le gouvernement du Canada a financé des événements majeurs, qui ont une grande importance historique, partout dans notre pays. Le gouvernement conservateur actuel a maintenu cette initiative en fournissant un appui financier pour l'anniversaire de la guerre de 1812 (25 millions de dollars), le 400e anniversaire de la fondation de Cupids à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, en 2010 (comptant pour une contribution par habitant de 5 400 $ pour une collectivité de 790 personnes) et le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec (120 millions de dollars).
Compte tenu du soutien financier important dont ces événements ont fait l'objet - en particulier l'anniversaire de la ville de Québec - j'ai été surpris par la réponse du ministre du Patrimoine, James Moore, à un reportage publié dans The Guardian, à savoir que le montant de 30 millions de dollars que l'Île‑du‑Prince‑Édouard (Î.‑P.‑É.) s'attend à recevoir pour le 150e anniversaire de la Conférence de Charlottetown est peut‑être ambitieux.
Compte tenu de l'importance historique de la Conférence de Charlottetown, il n'est pas déraisonnable de s'attendre à ce que le niveau de financement fédéral pour le 150e anniversaire soit plus proche des 120 millions de dollars reçus par la ville de Québec pour la célébration de son anniversaire, plutôt que des 28 millions de dollars affectés au bicentenaire de la guerre de 1812. Le fait que le ministre du Patrimoine laisse entendre le contraire est, par‑dessus tout, une insulte à l'égard d'un jalon d'une telle importance dans l'histoire du Canada. Le fait que le ministre du Patrimoine laisse entendre le contraire pour des raisons de restrictions financières, compte tenu des dépenses prodigues engagées pour d'autres célébrations à une époque d'austérité gouvernementale, constitue une insulte à l'égard des Prince‑Édouardiens. Comme le gouvernement fédéral a été aussi généreux lorsqu'il s'agissait de commémorer d'autres événements, pourquoi le 150e anniversaire de la Conférence de Charlottetown serait‑elle moins méritante?
Pendant que les Canadiens se préparent à célébrer le 150e anniversaire de la Conférence de Charlottetown en 2014, les Prince‑Édouardiens ne devraient pas considérer qu'une contribution financière comparable à celle qui a été accordée par le gouvernement du Canada à la ville de Québec, à savoir plus de 100 millions de dollars, n'est pas réaliste.
Il se peut que les Canadiens remettent en question le caractère approprié de l'affectation de fonds aussi importants aux anniversaires dans le climat économique actuel, mais lorsque ces fonds sont affectés à l'infrastructure, ils créent des emplois et laissent des avantages permanents pour les résidents. Les Canadiens utilisent toujours les parcs et les autres installations construits en honneur du centenaire du Canada, en 1967, et continuent d'affluer au Centre des arts de la Confédération, qui a été construit pour commémorer le 100e anniversaire de la Conférence de Charlottetown. Bien au‑delà des concerts ou des feux d'artifice, un tel financement fournit un héritage durable aux collectivités, lequel sert de rappel tangible de notre patrimoine canadien.
Par exemple, dans le cas de Cupids, la collectivité a investi dans la construction du Cupids Legacy Centre, un musée interactif qui rend hommage à la place de Cupids dans l'histoire, en tant qu'établissement britannique continuellement occupé au Canada. Le Centre contient également des locaux multifonctionnels qui peuvent être utilisés pour des événements et des célébrations, et s'est avéré très bénéfique pour la collectivité au complet.
L'importance fondamentale de la Conférence de Charlottetown dans l'histoire canadienne ne peut pas être trop soulignée. Destinée à servir de tribune pour discuter de l'union des colonies maritime, la Conférence est devenue plus ambitieuse, regroupant le Haut‑Canada et le Bas‑Canada, ce qui a mené à la formation de notre pays et a gagné à l'Île‑du‑Prince‑Édouard le titre de « berceau de la Confédération ». Pour célébrer l'accomplissement qu'était la Confédération, il faut reconnaître le rôle clé joué par la Conférence de Charlottetown, et, pendant que nous approchons de son 150e anniversaire, nous devons réfléchir et discuter de la façon dont nous allons la commémorer d'une façon qui soit représentative de son importance.
Récemment, dans sa chronique, Gary MacDougall, rédacteur en chef de The Guardian, a écrit ce qui suit :
Il faut se poser la question de savoir si 2014 est simplement une occasion sentimentale en or de colporter la province et ses charmes auprès des touristes; de faire un tas d'histoires et d'assurer une saison touristique record, comme celles dont nous jouissions auparavant. Ou s'agit‑il d'un moment spécial dans le temps, d'une occasion de commémorer l'un des moments les plus historiques de ce pays, ainsi que le rôle joué par l'Île‑du‑Prince‑Édouard à cet égard? […]
L'idée que la génération d'aujourd'hui n'a ni l'intérêt, ni la prévoyance de songer à un héritage durable pour le 150e anniversaire est démoralisante. Il semble que notre capacité de rêver est prise dans un carcan économique […] [traduction]
Bonne question – et, à ce jour – aucune réponse.
Peu importe le niveau de financement fédéral qui sera affecté à la célébration de la Conférence de Charlottetown – et il ne fait aucun doute que des millions de dollars en financement fédéral seront budgétisés à cette fin – j'espère que cette information inspirera la tenue de discussions imaginatives au sujet de la façon dont nous pouvons le mieux utiliser ce financement pour commémorer le 150e anniversaire de la Conférence de Charlottetown d'une façon qui ait une incidence durable et positive sur notre collectivité, pour le bénéfice à la fois des générations actuelles et des générations futures de Prince‑Édouardiens et de Canadiens.
Percy Downe est un sénateur de Charlottetown. |