Texte d'opinion
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16 septembre 2015

La perte des emplois fédéraux à l’Î-P-É profite à Ottawa

De 2008 à 2014, plus de 1 780 emplois fédéraux ont été éliminés au Canada atlantique, dont plus de 360 à l’Île-du-Prince-Édouard. Au cours de la même période, 1 835 nouveaux emplois fédéraux ont vu le jour dans la région d’Ottawa.

Ces chiffres de la Commission de la fonction publique sont inquiétants. Le Canada atlantique souffre déjà d’un taux de chômage élevé et d’une pénurie d’emplois stables, et voilà que les Canadiens de l’Atlantique perdent des postes fédéraux au profit d’Ottawa, qui en a gagné.

Si on avait annoncé l’arrivée à l’Île-du-Prince-Édouard de 362 emplois permanents à temps plein bien rémunérés et assortis d’un régime de pension, de soins de santé et dentaires totalisant une masse salariale annuelle de plus de 21 millions de dollars,  la nouvelle aurait fait la une du Guardian. Malheureusement, la province subit plutôt le contraire, soit une perte de plus de 100 millions de dollars depuis 2008 qui ne sont pas injectés dans notre économie pour acheter des voitures, des maisons ou des vêtements, favorisant ainsi notre croissance économique et créant des emplois dans le secteur des services.

Les ministères et organismes touchés par les pertes d’emplois fédéraux à l’Île‑du‑Prince‑Édouard sont les suivants : Agriculture et Agroalimentaire Canada, Service correctionnel Canada, l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, Anciens Combattants Canada, Santé Canada, Industrie Canada, Transports Canada; la liste est longue.

En ces temps difficiles, chaque emploi est précieux, à la fois pour les travailleurs qui doivent subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, et pour l’économie en général. Et c’est encore plus vrai à l’Île-du-Prince-Édouard, où l’économie actuelle a forcé des milliers d’insulaires à quitter l’île.

Évidemment, le gouvernement ne peut à lui seul résoudre le défi de l’emploi. La clé du véritable développement économique réside dans une économie saine et équilibrée qui respecte et voit d’un bon œil le dynamisme du secteur privé ainsi que ses investissements de temps et d’argent qui feront naître des emplois qui maintiendront les insulaires chez eux pour y bâtir leur avenir.

Or, pour parvenir à une économie équilibrée, le gouvernement fédéral a un important rôle à jouer. Certes, il a mis en place une variété de programmes allant des politiques fiscales à l’approvisionnement, mais le gouvernement fédéral reste le plus grand employeur au Canada : même en excluant les forces armées et la GRC, le gouvernement du Canada emploie plus d’un quart de millions de personnes. Il est donc un moteur important de l’économie canadienne en raison du pouvoir d’achat qu’il représente; la répartition de ces emplois au Canada influence grandement l’économie des régions.

Dans le passé, la décentralisation des emplois vers les régions servait justement à répartir ces emplois et les retombées de ceux-ci à l’échelle du Canada. Les emplois fédéraux peuvent clairement jouer un rôle important dans l’économie d’une région comme le Canada atlantique; le meilleur exemple en est le déménagement de l’Administration centrale d’Anciens Combattants Canada vers Charlottetown.

Si le gouvernement fédéral répartissait également les suppressions d’emplois partout au Canada, les insulaires comprendraient que nous devons absorber notre part des compressions. Or, ce n’est pas ce que nous montrent les chiffres de la Commission de la fonction publique.

Dans la présente campagne électorale,  les chefs et les candidats des partis fédéraux doivent afficher clairement leur position sur un certain nombre de questions prioritaires; l’une d’elles devrait être le retour de ces emplois et salaires à l’Île-du-Prince-Édouard.

Percy Downe est un sénateur  de Charlottetown.

 
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