LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL
OTTAWA, le mercredi 14 mai 2014
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd’hui, à 16 h 15, pour faire l’étude des conditions de sécurité et des faits nouveaux en matière d’économie dans la région de l’Asie-Pacifique, de leurs incidences sur la politique et les intérêts du Canada dans la région, et d’autres questions connexes.
La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Nous sommes ici pour poursuivre notre étude sur les conditions de sécurité et les faits nouveaux en matière d’économie dans la région de l’Asie-Pacifique, leurs incidences sur la politique et les intérêts du Canada dans la région, et d’autres questions connexes.
Avant de donner la parole à nos témoins d’aujourd’hui, je souhaite indiquer que nous avons envoyé un message à Mme Diane Finley pour lui offrir nos condoléances à la suite du décès de l’un de nos membres, Doug Finley. Je vais faire circuler la réponse qu’elle nous a envoyée afin que vous puissiez en prendre connaissance.
Ensuite, notre témoin d’aujourd’hui, Son Excellence, a demandé s’il était possible de prendre des photographies seulement au début de l’audience. Je suis d’accord; le sénateur Downe est d’accord.
Le sénateur D. Smith : D’accord.
La présidente : Êtes-vous d’accord pour que l’on prenne des photographies?
Des voix : D’accord.
La présidente : Merci. Dans le cadre de nos études, nous avons choisi de nous pencher principalement sur quatre pays : l’Indonésie, le Myanmar, les Philippines et Singapour.
Nous sommes très heureux que Son Excellence Dienne Moehario, ambassadrice au Canada de la République d’Indonésie, ait accepté notre invitation à venir témoigner devant le comité. Elle est accompagnée d’autres représentants de l’ambassade.
Nous la connaissons depuis qu’elle a commencé à occuper ses fonctions; je ne présenterai donc pas une biographie complète, mais je tiens à vous souhaiter la bienvenue au nom de votre pays et à vous remercier de venir témoigner devant nous.
Vous connaissez la portée de notre étude et l’intérêt qu’elle suscite. Je crois que vous êtes également au Canada depuis assez longtemps pour savoir que les sénateurs aiment beaucoup poser des questions et que c’est là où nous pouvons engager de bonnes discussions.
Sur ce, au nom des membres du comité, je vous souhaite la bienvenue et je vous invite à nous présenter vos collègues et à faire votre déclaration, après quoi nous passerons aux questions. Soyez la bienvenue au comité.
Son Excellence Dienne H. Moehario, ambassadrice au Canada, Ambassade de la République d’Indonésie : Je tiens à remercier l’honorable Raynell Andreychuk, présidente du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international; l’honorable sénateur Percy Downe, vice-président du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international; et les honorables membres du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international. Bonjour.
Je suis accompagnée de Cicilia Rusdiharini, ministre-conseillère politique; il y a à ma droite, Hikmat Moeljawan, conseiller économique, à mon extrême gauche, Sulistya Widayanta, attaché commercial, ainsi que mes collègues deuxièmes secrétaires des Affaires politiques et mes collègues des communications à l’ambassade.
Je suis honorée d’avoir la possibilité de discuter avec les honorables sénateurs des conditions de sécurité et des faits nouveaux en matière d’économie en Indonésie, ainsi que de la façon dont l’Indonésie reflète sa politique à l’égard de l’ANASE et de l’Asie-Pacifique. Au cours des 68 années d’indépendance du pays, le gouvernement indonésien n’a pas ménagé ses efforts pour bâtir un pays meilleur. Le développement vise à accroître la prospérité et à renforcer la démocratie de l’Indonésie dans un contexte mondial dynamique qui présente à la fois des possibilités et des défis.
L’Indonésie est convaincue de l’efficacité de la diplomatie dans le maintien de la paix et de la sécurité, le soutien du progrès social et de la prospérité économique et la promotion de la démocratie, des droits de la personne et de la tolérance.
Avec ses partenaires de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est, ou ANASE, l’Indonésie élabore constamment une architecture régionale favorable à la promotion pacifique des droits de la personne et de la démocratie, que nous appelons la Communauté politique et de sécurité de l’ANASE. Avec la communauté économique et la communauté socioculturelle, elle est l’un des piliers de la communauté de l’ANASE que nous voulons créer d’ici 2015. Nous faisons la promotion des principes de la démocratie, de la primauté du droit et de la bonne gouvernance, du respect et de la promotion des droits de la personne et des libertés fondamentales, tels qu’énoncés dans la charte de l’ANASE.
Nous sommes en voie de mettre en place la communauté de l’ANASE. Nous avons l’ANASE plus un, l’ANASE plus trois, le Sommet de l’Asie de l’Est, le Forum régional de l’ANASE et la Coopération économique Asie-Pacifique. Nous considérons qu’il s’agit d’une politique à plusieurs volets visant à bâtir la communauté de l’Asie de l’Est.
Dans la région de l’Asie-Pacifique, l’Indonésie a toujours préconisé la création d’un « équilibre dynamique », une situation caractérisée par l’absence d’un État dominant, où les relations sont axées sur l’esprit de coopération et le partenariat. Évidemment, nous sommes encore confrontés à de vieux défis, comme les conflits potentiels liés aux querelles frontalières et aux revendications territoriales. Durant le Sommet de l’ANASE et la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ANASE, le 10 mai dernier, les pays membres ont exprimé d’importantes préoccupations au sujet de ce qui se passe actuellement dans la mer de Chine méridionale. L’Indonésie a fait valoir le rôle essentiel de l’ANASE pour la stabilité, la sécurité et le maintien de l’ordre dans la région de la mer de Chine méridionale, en mettant l’accent sur les six principes de l’ANASE sur la mer de Chine méridionale. À cet égard, tous les intervenants doivent travailler plus sérieusement et plus rapidement afin de terminer le code de conduite, de façon à s’assurer que les réalités sur le terrain sont en harmonie avec les efforts diplomatiques.
L’Indonésie continue également à encourager activement le développement de la démocratie, de même que la protection et la promotion des droits de la personne à l’échelle régionale et mondiale. À cet égard, elle organise chaque année le Forum de Bali sur la démocratie afin d’engager un dialogue sur la promotion de la démocratie en Asie-Pacifique et dans l’ensemble de la région.
En 2013, l’Indonésie a été l’hôte du sixième Forum de coopération entre l’Asie de l’Est et l’Amérique latine, ou FEALAC, à Bali; ce forum a été précédé de la treizième réunion des hauts fonctionnaires et du groupe de travail du FEALAC. Le FEALAC a été créé principalement dans le but de promouvoir une coopération globale et des dialogues entre les deux régions.
Depuis sa création, le Forum de coopération entre l’Asie de l’Est et l’Amérique latine est le seul forum de coopération intergouvernemental qui favorise les échanges commerciaux entre les régions de l’Asie de l’Est et de l’Amérique latine; en 2011, le volume commercial totalisait 267 milliards de dollars américains. Actuellement, le forum représente 40 p. 100 de la population mondiale, 32 p. 100 de l’économie mondiale et plus de 40 p. 100 du commerce mondial. Il est composé de 36 États membres, dont 16 pays de l’Asie orientale, y compris ceux de l’ANASE.
L’Indonésie reconnaît l’importance de la coopération dans le contexte du FEALAC pour améliorer les relations bilatérales entre les pays membres dans les deux régions. Depuis la création du FEALAC, en 1999, les pays de l’Amérique latine sont devenus des partenaires commerciaux importants pour l’Indonésie.
L’Indonésie s’est jointe à quatre autres membres du G20, à savoir le Mexique, la Corée du Sud, la Turquie et l’Australie, pour mettre sur pied le MIKTA, une plateforme informelle de pays aux vues similaires sur plusieurs enjeux et dont la contribution active est essentielle à l’élaboration de solutions aux problèmes régionaux. Le MIKTA a comme objectif de contribuer à la réforme de la gouvernance mondiale et aux travaux du G20, de même que de trouver des solutions aux problèmes mondiaux.
Les ministres des Affaires étrangères des pays du MIKTA se sont réunis à Mexico le 14 avril dernier; ils ont fait ressortir les intérêts communs et les similarités de leurs pays, en ce sens qu’ils représentent des économies ouvertes qui préconisent le libre-échange et l’investissement étranger. Les pays du MIKTA sont de grandes démocraties et des économies résilientes pouvant connaître des taux de croissance élevés. Nous avons de solides marchés nationaux et des taux d’inflation modérés, et le pouvoir d’achat de nos populations est en hausse.
En tant que membre du G20, l’Indonésie appuie les efforts conjoints visant une croissance mondiale plus forte, équilibrée, inclusive et durable. L’Indonésie est déterminée à promouvoir les intérêts des pays développés auprès du G20. Nous prônons l'établissement de la sécurité alimentaire et énergétique, le développement des infrastructures, la protection sociale, l'inclusion financière, le commerce équitable et la création d'emplois. Sur la scène internationale, l'Indonésie ne met pas seulement l'accent sur ses intérêts nationaux; elle vise aussi à trouver des intérêts communs avec d’autres pays du monde.
En tant que membre des Nations Unies, nous visons aussi à mettre en place le développement durable à l'échelle mondiale. Le secrétaire général des Nations Unies a nommé les coprésidents du Groupe de personnalités de haut niveau de l’ONU sur le programme de développement pour l’après-2015; il s’agit du président de la République d'Indonésie, du premier ministre du Royaume-Uni et de la présidente du Libéria. Leur mandat sera de préparer et de présenter des recommandations sur les Objectifs du Millénaire pour le développement pour l’après-2015. Cette tribune a permis à l'Indonésie de contribuer à l'élaboration du concept et à la formulation des objectifs de développement durable dans la continuité des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Actuellement, l'Indonésie est considérée comme une économie émergente. C'est un pays à revenu intermédiaire qui tenait une baisse graduelle de son taux de pauvreté. Le pourcentage de personnes pauvres est passé de 16,66 p. 100 en 2004 à 11,37 p. 100 en 2013. Le taux de chômage est aussi en baisse, passant de 9,86 p. 100 en 2004 à 5,92 p. 100 en 2013.
L’année 2013 fut une année très spéciale pour l’Indonésie parce que nous avons organisé le Sommet des dirigeants de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique à Bali et les réunions ministérielles de l’OMC, qui ont aussi eu lieu à Bali cette même année. De plus, l'Indonésie a lutté activement pour la mise en place d'un partenariat mondial visant à abolir la pauvreté et à favoriser une croissance durable et équitable.
Le développement de l'Indonésie dépend fortement de la collaboration et de la synergie entre le gouvernement central, les gouvernements locaux, les entreprises, les institutions bancaires et d'autres organismes. Pour ce qui est des mesures de relance budgétaire, l'Indonésie fait preuve de prudence. Nous contrôlons la situation afin d'éviter une nouvelle vague de chômage. Nous offrons des mesures de protection aux gens de la classe moyenne inférieure qui éprouvent des difficultés économiques afin de les aider et d'alléger leur fardeau. Notre économie est stable et le chômage n'a pas connu d’augmentation soudaine. L'inflation est stable et les autres indicateurs économiques sont aussi maîtrisés.
L’Indonésie a connu des réformes pendant 15 ans. Nous avons changé l'histoire en présentant au peuple indonésien un nouveau mode de vie. Un climat beaucoup plus sécuritaire permet à l'Indonésie de viser une croissance économique plus forte. . Toutefois, en cette période d'incertitude économique à l'échelle mondiale, moins favorable, l'Indonésie doit demeurer vigilante. L’Indonésie compense le déclin des exportations en augmentant ses investissements au pays et en examinant le potentiel de son marché national.
Le pays surveille continuellement la fluctuation du prix du pétrole. Il est essentiel de freiner la hausse de la subvention pour les frais de carburant. Nous devons prendre des mesures pour prévoir les fluctuations. Pour réduire graduellement le fardeau qui pèse sur le budget de l'État, nous misons sur les compressions et les économies pour gérer la subvention pour les frais de carburant. La réaffectation de ces fonds peut donc être utilisée pour l'amélioration et le développement des infrastructures. De plus, le gouvernement poursuit ses efforts pour trouver, créer et utiliser de nouvelles sources d'énergie et des énergies renouvelables comme solutions de rechange.
Les efforts visant à réduire l'écart du taux de chômage découlent principalement du volet de développement industriel du Plan directeur sur l'accélération et l'expansion du développement économique de l'Indonésie. Le plan directeur MP3EI encourage la croissance économique par le biais de l'innovation axée sur l'accroissement du capital de savoir dans son renforcement des secteurs de la science et de la technologie.
Honorables sénateurs, je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de vous présenter un bref exposé sur les progrès de l'Indonésie sur le plan de la sécurité et du développement économique, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. J'espère que cela encouragera l'Indonésie et le Canada à renforcer davantage leurs relations bilatérales en s'attachant en priorité à accroître la prospérité par la collaboration dans les domaines du commerce, de l'investissement, de la coopération économique; la coopération en matière de politique et de sécurité; la collaboration dans le domaine social, l'éducation et la culture; l’établissement de liens entre les personnes, comme l'ont indiqué le ministre des Affaires étrangères de la République d'Indonésie et son homologue canadien dans la déclaration commune publiée dans la foulée du Forum consultatif bilatéral Indonésie-Canada qui a eu lieu au Canada le 23 août 2013. Merci.
La présidente : Merci beaucoup. J’ai une liste de sénateurs qui souhaitent intervenir. Vous avez abordé un large éventail de sujets. Pour la première question, je vais céder la parole au vice-président.
Le sénateur Downe : Merci beaucoup de cet exposé. C'était un survol formidable.
Les relations entre nos deux pays vont très bien, je crois; je vous prie de me corriger si ce n'est pas le cas. Toutefois, rien n'est jamais parfait. Quelle serait la principale priorité de votre pays dans ses relations avec le Canada? J'entends par là un aspect que vous aimeriez que l'on améliore ou que l'on modifie pour que la relation soit encore meilleure.
Mme Moehario : Nous aimerions principalement travailler avec vous sur le plan économique. Nous aimerions que le Canada appuie l'Indonésie dans le domaine des infrastructures. Nous souhaitons cette collaboration parce que l'Indonésie et l’ANASE aimeraient établir un partenariat; nous aimerions devenir membres de l’ANASE en 2015. Par conséquent, nous avons déjà amélioré le climat d'investissement en Indonésie. Le gouvernement de l'Indonésie a mis en place des mesures incitatives à l'intention des investisseurs canadiens, particulièrement dans les secteurs de l'industrie et de l'infrastructure. Par exemple, il y a la liste négative applicable aux investissements. Le gouvernement indonésien a mis en place de nouveaux règlements à cet égard. L'intention de ce nouvel examen est claire. Il s'agit notamment de poursuivre l'amélioration de notre climat d'investissement, de promouvoir l'Indonésie en tant que pays favorable aux investisseurs et pour rendre le pays plus concurrentiel. Grâce à la refonte, la liste négative applicable aux investissements est plus facile à comprendre, moins restrictive et conforme aux lois et aux règlements sectoriels.
Comme le Canada est un chef de file des projets en PPP dans les secteurs liés à l'infrastructure, l'Indonésie ferait la promotion des partenariats public-privé qu'elle souhaiterait établir avec le Canada. Pendant la période de concession pour le développement des installations portuaires, les investisseurs étrangers pourraient détenir 95 p. 100 des parts des projets d'infrastructure en PPP; pour les projets qui ne sont pas réalisés en PPP, les investisseurs étrangers ne peuvent détenir plus de 49 p.100 des parts. Pour les projets de production d'électricité de plus de 10 mégawatts, la propriété étrangère peut être de 100 p. 100 pour les projets en PPP — toujours pendant la période de concession —, tandis qu'elle est fixée à 95 p. 100 pour les projets qui ne sont pas réalisés en PPP.
Nous cherchons aussi à établir des congés fiscaux. Nous voulons également améliorer les crédits d'impôt et les mesures incitatives pour les projets en PPP. Voilà les conditions que nous voudrions offrir au Canada. L’Indonésie a notamment apporté des améliorations à tous les règlements et à tous les enjeux liés aux partenariats public-privé.
Le sénateur Downe : Merci beaucoup, votre Excellence.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Votre Excellence Moehario, j'apprécie votre comparution devant notre comité. En plus, je crois que vous êtes une amie de certains sénateurs canadiens. Alors, c'est doublement plaisant de vous recevoir.
Votre pays connaît une croissance économique remarquable, et de nombreux témoins nous ont fortement encouragés à présenter des recommandations et des suggestions pour accroître le commerce et les échanges entre nos deux pays. Or, certaines associations commerciales soulignent que le principal obstacle à l'investissement en Indonésie est la piètre qualité des infrastructures.
Dans votre texte, vous l'avez mentionné. Vous vous attendez également à conclure un partenariat avec le Canada pour améliorer vos infrastructures. Étant donné que je suis allée à Bali et que j'ai pu constater que les routes avaient besoin d'être refaites, je voudrais savoir si vous avez déjà commencé à mettre à niveau les infrastructures, que ce soit dans les ports, les édifices, et cetera. Est-ce que le travail est commencé?
[Traduction]
Mme Moehario : Les 7 et 8 mai, à Toronto, nous avons tenu des journées dédiées aux investissements et au commerce en Indonésie. Afin de promouvoir les partenariats public-privé, nous avons organisé des réunions avec les entreprises au cours desquelles nous avons offert au Canada de participer au programme de développement des infrastructures.
Nous proposons maintenant un plan d'investissement dans les projets d'infrastructure liés aux routes à péage, à l'approvisionnement en eau et à la gestion des déchets. L'Indonésie mise sur le modèle des routes à péage pour améliorer son réseau routier dans toutes les régions du pays.
Nous avons commencé la construction d'autoroutes totalisant 5 415 kilomètres. Il s'agit des autoroutes Trans-Java, Trans-Sumatra, Bali, Kalimantan et Sulawesi. Cette année — 2014 —, nous entreprendrons la construction de l'autoroute Trans-Sumatra, longue de 2 723 kilomètres; on ne construira donc pas seulement des routes à péage. Le 8 mai, nous avons offert aux entreprises canadiennes d'étudier la proposition de l'Indonésie en ce qui concerne le secteur de l'approvisionnement en eau. Pour atteindre les cibles fixées dans la feuille de route des Objectifs du millénaire pour le développement en 2015, l'Indonésie a besoin d'environ 7,3 milliards de dollars américains pour assurer l'approvisionnement en eau de 8,5 millions d'habitations supplémentaires.
Nous aimerions aussi que les entreprises canadiennes viennent en Indonésie pour étudier des projets de gestion de déchets. Selon des statistiques récentes, on estime que seulement 54 p. 100 de la population indonésienne a accès à des services de collecte des déchets. La cible fixée dans les Objectifs du millénaire pour le développement est de 70 p. 100 en 2015. Or, la croissance rapide de la population du pays et la modification de ses habitudes de consommation ont entraîné une hausse marquée de la production de déchets solides, soit de 2 à 4 p. 100 par année. De plus, nos grandes villes ont déjà atteint les 10 millions de tonnes de déchets produits par année.
En 2014, nous avons 11 projets d’infrastructure en partenariat public-privé, ou PPP, d’une valeur d’environ 8,2 milliards de dollars américains dont nous faisons la promotion auprès des investisseurs. Ils portent sur divers types d’infrastructures, comme l’approvisionnement en eau, les chemins de fer, les routes à péage, la gestion des déchets et les aéroports.
Le sénateur D. Smith : C’est un plaisir de vous voir, madame l’ambassadrice. Nous avons fait connaissance lors d’un certain nombre d’événements. Je pense que nous aimerions tous que le Canada tisse des liens plus étroits avec l’Indonésie. Bien des gens se rendent compte que sa population est la quatrième en importance au monde. Nombreux sont ceux pour qui c’est révélateur.
Si l’on souhaite améliorer les échanges commerciaux, y a-t-il des problèmes particuliers à résoudre? Je parle aussi du tourisme, quoique ce volet soit difficile à faire accepter. Comparativement aux Caraïbes et même à Hawaï, le vol est long. Y a-t-il des problèmes précis que nous devrions cibler pour améliorer les échanges commerciaux entre nos deux pays? Je vous invite à vous prononcer; s’il y a quoi que ce soit, n'hésitez pas à nous en faire part.
Mme Moehario : Nous n’avons aucun problème. Le Canada a appuyé l’Indonésie lorsque nous avons proclamé notre indépendance en 1945. Le général Andrew McNaughton, qui siégeait à l’époque au Conseil de sécurité, a appuyé notre demande d’indépendance, que la communauté internationale a reconnue en 1949. L’Indonésie est parvenue à l’indépendance en 1945. Il n’y a donc aucune difficulté ou entrave entre les deux pays.
Depuis son indépendance, l’Indonésie souhaite favoriser son développement avec l’aide du Canada. Nous avons célébré le 60e anniversaire de nos relations bilatérales et diplomatiques en 2012. Nos rapports ont déjà 63 ans et n’ont rien de nouveau.
Nous aimerions attirer plus d’entreprises en Indonésie, et vice versa. Pour notre part, nous y contribuons énormément en participant aux expositions canadiennes sur le commerce et l’investissement, comme le Salon international de l’alimentation, ou SIAL, qui a lieu chaque année à Toronto et à Montréal.
Nous participons également aux festivals du commerce international et du tourisme de Montréal et de Vancouver. Voilà donc d’autres activités auxquelles nous prenons part. En revanche, nous aimerions qu’un plus grand nombre d’entreprises visitent l’Indonesia's Trade Expo, par exemple, qui aura lieu en octobre 2014. Il s’agit d’une exposition annuelle.
Le sénateur D. Smith : C’est encourageant. Merci.
Le sénateur Demers : Merci d’être avec nous, madame l’ambassadrice. Nous avons parlé d’économie, et j’ai une question à ce sujet.
Selon la Banque asiatique de développement, de grandes parties de la population n’auraient pas profité de votre croissance économique rapide, qui aurait même accentué certaines inégalités socioéconomiques. Dans quelle mesure la croissance économique et la réduction de la pauvreté ont-elles entraîné d’autres améliorations socioéconomiques, comme un meilleur accès aux services de santé, à l’éducation, à l’eau potable et aux services sanitaires dans la région de l’Asie-Pacifique?
Mme Moehario : Le problème, ce sont les caractéristiques géographiques de l’Indonésie. Comme on le voit dans les dépliants touristiques, le pays se compose d’îles et de milliers de groupes ethniques, une situation qui n’a rien de simple. Il y a bien sûr des disparités puisque des gens vivent dans les montagnes et ont besoin d’infrastructures. Nous faisons de notre mieux pour aider les provinces autonomes à se développer. Le gouvernement les appuie donc pour qu’elles soient indépendantes et réalisent plus de projets sur leur territoire.
Nous collaborons d’ailleurs avec le Canada afin de mettre en place des infrastructures de connectivité. Nous aimerions concrétiser notre engagement à fonder des coopératives avec l’aide du Canada puisque celles d’ici sont très bien. Aux yeux de l’Indonésie, vos coopératives sont un des meilleurs exemples qui soient.
Voilà le message que je peux vous transmettre. Compte tenu de nos particularités géographiques, il n’est pas facile pour notre pays de former un tout, mais si nous réglons nos problèmes de connectivité, il nous sera plus facile de trouver un équilibre en matière d’éducation et d’aide sociale, et de lutter contre la pauvreté.
Le sénateur Dawson : On assistera demain au nouveau lancement d’un produit canadien formidable qui a connu bien des années de réussite. Le BlackBerry est très présent dans votre pays, et je sais que la société attaque encore le marché avec son modèle Z3 Jakarta. Elle croit vraiment que l'Indonésie est un marché de croissance. Je vous remercie d’accueillir favorablement ce produit canadien; il y a encore de l’espoir, et nous sommes ravis que vous participiez au lancement. J’aimerais savoir ce que vous en pensez.
Dans un autre ordre d’idées, notre comité a entendu parler de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives et des pratiques de l’industrie minière qui sont parfois à l’origine de problèmes partout dans le monde. Les sociétés minières canadiennes en activité sur votre territoire causent-elles des problèmes, ou travaillent-elles dans un esprit de collaboration?
Mme Moehario : Le BlackBerry plaît aux Indonésiens, jeunes et moins jeunes. Nous serions ravis que la société crée des emplois chez nous. Je l’invite à ouvrir une usine sur notre territoire pour que son centre névralgique ne soit plus au Canada ni ailleurs. Nous aimerions donc que BlackBerry ouvre un bureau en Indonésie afin de créer des emplois.
La société minière Vale Inco travaille étroitement avec le gouvernement. Que je sache, elle ne cause aucune difficulté et est dans le droit chemin.
Le sénateur Dawson : J’aimerais aussi vous dire de continuer votre bon travail. Je pense que vos réussites des dernières années, tant économiques que démocratiques, constituent un excellent exemple pour vos voisins. Je vous encourage vraiment à poursuivre sur cette voie. Puisque j’ai eu la chance de vous parler lors de la réunion de l’Union interparlementaire à la ville de Québec, je sais que la mise en place d’un processus démocratique fait partie de vos priorités. J’en suis ravi, tout comme doivent l’être les députés ici présents qui appartiennent à des associations parlementaires. Merci beaucoup.
Le sénateur Housakos : Je vous souhaite la bienvenue à notre séance du comité.
Pourriez-vous nous dire quel indice le gouvernement indonésien utilise pour déterminer le niveau de pauvreté? Quel est le seuil?
Mme Moehario : Nous avons un plan national de développement à long terme qui s'étale de 2005 à 2025, et qui comprend des cibles en matière de réduction de la pauvreté. Le plan, qui englobe 20 années de planification du développement, est mis en œuvre au moyen de plans quinquennaux de développement à l'échelle nationale. Nous aimerions adopter une stratégie afin de diminuer notre pauvreté.
L’important pour y arriver, c’est de favoriser l’éducation. Les habitants n'y ont pas tous accès en raison des îles dispersées et des montagnes nombreuses. Nous aimerions toutefois améliorer notre niveau d’éducation, ce qui permettrait de réduire la pauvreté à l’échelle nationale et d’aider le pays à traverser le XXIe siècle.
Le sénateur Housakos : J’aimerais savoir plus précisément quels seuils vous permettent de déterminer si une personne vit dans un état de pauvreté. Vous basez-vous sur un revenu moyen donné? Quels indicateurs utilisez-vous pour le calcul?
Au Canada, par exemple, nous considérons que ceux qui vivent avec un revenu annuel inférieur à un montant donné sont dans une situation de pauvreté. J’aimerais connaître le seuil fixé par le gouvernement indonésien. Je comprends votre plan d’améliorer l’éducation et de prendre d’autres mesures semblables, mais je vous demande essentiellement quel seuil votre gouvernement a déterminé afin d’identifier ceux qui vivent dans la pauvreté.
En guise de question complémentaire, pourriez-vous nous donner le salaire minimum en Indonésie? Aussi, quelle part de la population active indonésienne est syndiquée?
Mme Moehario : Merci. Aux yeux de la classe moyenne grandissante du pays, ceux qui dépensent entre 2 et 20 $US par jour sont en situation de pauvreté. Voilà ce que je peux vous dire.
Pour ce qui est du salaire minimum, je vais m’en remettre à mon conseiller économique.
Hikmat Moeljawan, conseiller économique, ambassade de la République d’Indonésie : Merci beaucoup. Le salaire minimum de base varie d’une région à l’autre en Indonésie. Par contre, je n’ai pas les détails relatifs aux provinces de Jakarta ou de Java oriental, par exemple.
Je sais que la province de Jakarta est la plus prospère au pays. Même si je n’ai pas les chiffres, je peux dire que le minimum est d’environ 3 millions de rupiahs par mois, ce qui vaut à peu près 300 $US. Les chiffres diffèrent d’une région à l’autre, et c'est avec plaisir que nous vous ferons parvenir les détails à ce sujet. Ainsi, nous avons des normes en matière de salaire minimum, mais elles varient d’un endroit à l’autre.
Le sénateur Housakos : Vous parlez donc d’une moyenne d’environ 300 $US par mois?
M. Moeljawan : Oui, pour ce qui est du salaire minimum.
Le sénateur Housakos : D’après votre exposé, je crois comprendre qu’il est important pour votre pays d’adopter une perspective vraiment panasiatique. Comment trouver un équilibre dorénavant, étant donné l’absence flagrante d’homogénéité entre l’Indonésie et les autres pays asiatiques? Votre situation économique, votre contexte politique et votre dynamique sociale n’ont rien à voir avec les leurs. Je trouve les autres pays de l’ANASE très différents. Vous qui souhaitez mettre au point une stratégie panasiatique, comment arrivez-vous à concilier ces divergences pour la suite des choses?
Mme Moehario : L’ANASE fait partie de la vie. Puisque notre pays appartient à la région, il est essentiel pour nous de créer une association solide et florissante, ce qui serait dans notre propre intérêt national.
L’Indonésie croit avoir les qualités nécessaires pour résoudre les différends ou rapprocher les divergences d'intérêts, de capacités et de tendances; d'ailleurs, nous l'intégrons de plus en plus à notre politique.
Compte tenu de nos qualités uniques, nous pouvons donc redoubler d’ardeur pour jeter des ponts entre les cultures et faire partie de la solution.
En 2013, nous avons décidé d’investir dans l’ANASE et dans la formation de sa communauté. Nous l’avons fait en raison de ce que nous croyons pouvoir apporter à l’ensemble de l’Asie orientale, et pour être à la hauteur de la ligue de l’ANASE ou de sa place centrale. Nous ne pouvons pas multiplier les déclarations et nous attendre simplement à ce que le coeur de l’ANASE prenne forme du jour au lendemain. Il faut mériter sa place, et c’est loin d’être simple.
Au cours des derniers jours et des dernières semaines, nous avons constaté que les relations entre certains pays membres de l’ANASE sont quelque peu tendues, notamment entre le Cambodge et la Thaïlande. Il y a bien des points de vue divergents entre les pays du Sud-Est asiatique et ceux qui sont en conflit dans la mer de Chine méridionale.
Il faut être conscient que notre supposée aspiration régionale et la réalité des relations bilatérales sont indissociables. Nous faisons de notre mieux pour améliorer notre situation nationale et pour nous assurer que des pays comme le Myanmar et le Laos sont de notre côté. Nous sommes un pays en émergence, comme d’autres du Sud-Est asiatique qui ont besoin du soutien d’autres nations.
Par exemple, avant de laisser le Myanmar prendre la tête de l’ANASE et en assumer la présidence en 2014, voici ce que l’Indonésie lui avait dit alors que nous en étions présidents : « Vous pouvez vous joindre à nous, mais vous devrez assurer au reste du monde que vous favorisez une saine gestion publique, que vous protégez les droits de la personne et que vous vous démocratisez. La décision vous appartient. »
Pendant que l’Indonésie était à la présidence en 2011, voici ce que nous avions dit au Myanmar pour le convaincre : « Si vous souhaitez vous joindre à nous, appuyez-nous aussi, et nous vous donnerons la chance de nous convaincre que vous êtes aussi en mesure d’être à la tête de l’ANASE. »
Voilà comment l’Indonésie encourage d’autres pays, comme le Myanmar, le Laos et le Cambodge, à être plus indépendants sur le plan économique, pour qu’ils s’ouvrent au monde et que le monde s’ouvre à eux, comme c’est le cas pour les autres pays de l’ANASE.
Voilà ce que fait l’Indonésie en tant que puissance discrète. Voilà l’influence discrète, mais efficace, qu’elle exerce sur d’autres pays de l’ANASE. L’Indonésie considère que son point fort sur le plan de la diplomatie, c’est justement sa force discrète. Nous avons parlé de surmonter les conflits, notamment le terrorisme. Or, il n’est pas seulement question de l’Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, mais aussi d’autres pays comme le Laos, le Cambodge et le Myanmar.
Nous aimerions promouvoir le dialogue interconfessionnel entre les pays de l’ANASE et ceux de l’Asie-Pacifique. Nous aimerions promouvoir la coopération entre tous ces pays dans l’Asie-Pacifique. En établissant un dialogue interconfessionnel, on réduira les différences. D’ailleurs, l’engagement est l’exemple plus clair de la manière dont, à notre avis, la puissance discrète peut être un instrument clé pour relever beaucoup des défis dans le monde — notamment les défis régionaux dans ce pays.
La sénatrice Ataullahjan : Je vous souhaite la bienvenue, Votre Excellence. Vous avez communiqué avec la plupart des sénateurs, et vous faites un excellent travail au nom du gouvernement de l’Indonésie.
L’Indonésie se classe au quatrième rang mondial par son nombre élevé de jeunes citoyens; cela lui donne un avantage sur le plan du capital humain. Toutefois, on rapporte qu’il existe une pénurie imminente de travailleurs qualifiés et aussi le fait que le développement économique ne pourra être viable à moins d’améliorer les compétences de la main-d’œuvre.
Pourriez-vous me parler un peu des réformes que le gouvernement fait dans le secteur de l’éducation, notamment pour faciliter l’accès à une éducation formelle?
Mme Moehario : Le gouvernement préconise neuf ans de scolarité. Les gens auront droit à une éducation gratuite jusqu’à la neuvième année, soit jusqu’au premier cycle du secondaire. Nous aimerions encourager les jeunes à faire des études. Nous aimerions aussi que les Indonésiens soient formés et fassent des études à l’étranger pour mieux comprendre ce qui se fait dans les autres pays. Que les Indonésiens travaillent dans le secteur privé ou le secteur public, nous aimerions les envoyer à l’étranger pour être formés et leur permettre de contribuer à l’économie de l’Indonésie.
En plus des établissements d’enseignement réguliers, nous avons aussi des écoles polytechniques étant donné que les Indonésiens n’ont pas tous les moyens d’envoyer leurs enfants à l’université. Nous aimerions que les jeunes aillent dans ces écoles pour apprendre des choses pratiques et utiles. Après avoir obtenu un diplôme d’une école polytechnique, ils pourront trouver un emploi en fonction de leurs compétences.
La présidente : Nous sommes en train de nous pencher sur la politique du Canada — ce qui comprend donc aussi la politique des provinces. Dans quelle mesure avez-vous commencé à travailler avec les provinces dans le but de créer des débouchés économiques? Je suis consciente du fait que le Canada a toujours eu des liens avec l’Indonésie — pour commencer, surtout pour le blé. Nous savons aussi que, parfois, nos compétiteurs comptent parmi nos meilleurs amis — pensons à l’Australie.
Que faites-vous pour tirer pleinement profit des structures et des autorités provinciales dans le but de renforcer nos liens?
Mme Moehario : Il est très important pour les Indonésiens d’avoir des associations d’amis pour leur permettre de réunir des gens qui travaillent dans divers domaines de spécialisation; cela leur permet de visiter le Canada afin d’échanger leurs points de vue et engager un dialogue. Parfois, des gens organisent des visites de leur propre initiative, sans la participation de l’ambassade, parce qu’ils savent quoi faire et qu’ils ont des amis au Canada, qui sont prêts à accompagner leurs homologues de l’Indonésie.
Par exemple, l’Indonésie et la Saskatchewan ont créé une association de la potasse. Nous travaillons en étroite collaboration avec cette province. L’Indonésie importe non seulement du blé, mais aussi de la potasse du Canada. L’Indonésie travaille aussi, par exemple, en étroite collaboration avec Bombardier — et la collaboration est très positive. Les gens savent comment tirer parti des amitiés avec leurs homologues.
Nous avons une ville de la Nouvelle-Écosse qui a une ville sœur en Indonésie, dans la province de Banten, à Java.
La présidente : Ces dernières années, nous avons beaucoup entendu parler des pays BRIC; ils seraient en train de progresser, tant économiquement que politiquement, et ils ont certainement contribué à notre façon de voir les blocs commerciaux et les forces dans la communauté internationale. Récemment, nous entendons que nous devrions porter attention aux pays MINT. Aimeriez-vous nous dire comment vous croyez qu'elle changera la dynamique mondiale, cette association entre le Mexique, l’Indonésie, le Nigéria et la Turquie?
Mme Moehario : Grâce à la paix et la stabilité qui règnent chez nous, certains pays ont pris un engagement. Ils ont signé un traité de coopération, entre autres, le Canada. Compte tenu de la stabilité dans la région et dans le pays, l’Indonésie peut tisser des liens d’amitié avec d’autres pays du monde.
Nous estimons que les pays BRIC et MINT sont nos amis parce que le soutien du développement économique mise en partie sur l’échange de capacités et sur un niveau correspondant de développement dans la région. Les choses vont dans les deux sens avec les pays BRIC et MINT. D’après notre vision, en faisant rejaillir les bienfaits sur chacun des pays, nous aimerions réduire la pauvreté. Nous aimerions hausser le bien-être et réaliser la vision des Objectifs du millénaire pour le développement en Indonésie, tels qu’établis par le coordonnateur des Objectifs du millénaire pour le développement représentant le secrétaire général des Nations Unies. C’est ce que nous voulons : avoir des amis dans les régions qui ont une capacité correspondante à celle de l’Indonésie, et nous aimerions continuer de travailler avec eux en conséquence.
Il est préférable de poursuivre les activités visant à approfondir la coopération avec ces groupes de manière à améliorer l’interaction et l’intégration, ce qui favorisera des conditions s’apparentant à une communauté des groupes. Il n’y a pas que le contexte de l’Asie orientale, mais il est aussi question d’établir de bonnes relations parmi les régions, des partenariats globaux et une gouvernance globale dans l’avenir.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Excellence, dans quelques mois, il y aura un nouveau président en Indonésie, et j'imagine que vous devez connaître les candidats qui se présentent. Vous devez en avoir entendu parler. Croyez-vous qu'il y aura des changements majeurs dans la conduite de la diplomatie de Jakarta?
Selon vous, est-ce qu'il pourrait y avoir une nouvelle impulsion dans les relations avec le Canada ou bien une diminution des relations entre nos deux pays?
[Traduction]
Mme Moehario : Aucun individu ne changera notre politique étrangère, car le nouveau président va respecter la constitution indonésienne de 1945.
La politique étrangère ne progresse pas en raison du président. Il nous a donné des directives, mais notre politique étrangère émane de l’intérieur et de la constitution de l’Indonésie.
Nos relations avec nos collègues comme le Canada ne changeront pas, parce que ce que le nouveau président doit faire, c’est déterminer comment les raffermir et resserrer les liens avec le Canada de manière à veiller à ce que l’Indonésie en sache davantage sur le potentiel du Canada en tant que puissance discrète. C’est important pour le nouveau président de l’Indonésie.
La sénatrice Ataullahjan : Votre excellence, depuis 2004, il y a un nombre minimal requis de candidates dans les partis politiques en Indonésie. Chaque parti politique doit compter au moins 30 candidates pour participer dans n’importe quelle circonscription. Cela veut dire une femme pour deux hommes. Ce règlement a été totalement appliqué aux élections de 2009. Est-ce qu’il y a de ce fait plus de femmes au Parlement? Est-ce que ce nombre minimum était exigé aux dernières élections?
Mme Moehario : Nous avons 30 p. 100 de candidates en Indonésie et nous aimerions que ce soit proportionnel. Nous aimerions faire la promotion des femmes partout au gouvernement, parmi les fonctionnaires, les parlementaires et dans tous les secteurs de la vie en Indonésie.
La présidente : Votre Excellence, je vous remercie, votre équipe et vous, de nous avoir donné autant d’information. Nous vous savons gré de nous avoir donné la perspective indonésienne.
Nous nous attendons à pouvoir faire une visite, alors votre témoignage nous servira de point de départ dans notre collaboration avec votre pays. Nous allons aussi vous demander de nous aider à établir des contacts avec des ministres et des fonctionnaires que nous pourrions rencontrer si vous estimez que cela pourrait nous aider à approfondir les relations Canada-Indonésie et à mieux les comprendre.
Mesdames et messieurs les sénateurs, nous allons lever la séance. En votre nom, je remercie madame l’ambassadrice d’être venue témoigner.
Je vous rappelle que notre séance de demain va commencer à 11 h 30 et qu’elle durera une heure, pour se terminer à 12 h 30.
(La séance est levée.) |