Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international
Fascicule 14 - Témoignages
OTTAWA, le mercredi 30 septembre 2009
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui à 16 h 30 pour étudier l'émergence de la Chine, de l'Inde et de la Russie dans l'économie mondiale et les répercussions sur les politiques canadiennes.
Le sénateur Consiglio Di Nino (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Honorables sénateurs, deux ou trois autres sénateurs ont confirmé leur présence. Il y a toutefois quorum et comme nos témoins attendent depuis un moment déjà, il serait plus courtois de commencer la réunion.
Bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international.
Le comité accueille aujourd'hui comme témoins Irina Bobrysheva, présidente d'International Business Group Ltd., et Bernard Borg, président du conseil d'administration.
International Business Group Ltd. est une société d'experts-conseils appartenant à des intérêts canadiens qui aide les entreprises canadiennes qui font des affaires avec la Russie. Elle représente la Chambre de commerce et d'industrie de Moscou au Canada, la Chambre de commerce et d'industrie de la république des Komis, État du Nord de la Russie centrale, et la Chambre de commerce et d'industrie de Primorski, ville de l'Est de la Russie. IB est la seule entreprise privée à représenter la Chambre de commerce et d'industrie de la fédération de Russie.
Mme Bobrysheva est titulaire d'un diplôme en « économie mondiale » de l'Université d'État de Moscou. Elle a obtenu un doctorat en 1987. M. Borg, spécialiste de la sécurité, compte plus de 26 ans d'expérience dans l'industrie pétrolière.
Bienvenue au Sénat. Je crois que M. Borg prendra la parole en premier.
Bernard Borg, président du conseil d'administration, International Business Group Ltd. : Bonjour, honorables sénateurs. C'est avec grand plaisir que je m'adresse à vous ce soir.
J'ai lu la plupart des mémoires que les autres témoins ont soumis à ce comité, et il s'agit visiblement des grands noms du commerce international. Je ferai d'abord un exposé, puis je répondrai à vos questions.
Mes liens avec la Russie et le commerce international remontent à environ quatre ans. Ma principale entreprise, Signal Safety & Training, perdait des parts de marché au profit d'entreprises capables d'attirer des étrangers, notamment de l'Australie et du Royaume-Uni. Je devais donc soit exporter mes services, soit trouver une nouvelle source de main-d'œuvre compétente. Comme notre créneau, l'industrie pétrolière, est restreint et très spécialisé, il est difficile de trouver du personnel, même aujourd'hui.
J'ai donc pris une décision et j'ai entrepris des démarches qui m'ont mené à Moscou, où Mme Bobrysheva m'a aidé à me lancer en affaires. Je lui ai ensuite offert un poste de gestionnaire du développement du commerce international au Canada, qu'elle a accepté. Depuis, nous avons créé IB Group, une nouvelle entreprise spécialisée dans l'établissement de liens entre les entreprises russes et canadiennes et dans le règlement des problèmes éventuels.
Dans la première partie de mon exposé, je parlerai un peu de la Banque mondiale. La Banque publie chaque année une étude sur le commerce intitulée Facilité de faire des affaires. Cette étude classe 183 économies selon la facilité d'y faire des affaires dans 10 domaines : la création d'entreprise, l'octroi de permis de construire, l'embauche des travailleurs, le transfert de propriété, l'obtention de prêts, la protection des investisseurs, le paiement des taxes et impôts, le commerce transfrontalier, l'exécution des contrats et la fermeture d'entreprise.
Je n'expliquerai pas en détail les graphiques et les données présentés dans les documents qui vous ont été distribués, mais j'aimerais quand même soulever quelques points.
La Russie se classe aujourd'hui au 120e rang des 183 pays étudiés par la Banque mondiale. L'Inde occupe le 133e rang pour la difficulté à faire des affaires, et la Chine se situe autour du 89e rang. Cette liste est dynamique, puisque les pays peuvent changer de position dans le classement. Ce n'est pas que les réformes soient lentes, mais plutôt que d'autres pays sont plus rapides.
Parmi les pays du G8, le Canada, la France et les États-Unis sont restés au même rang, tandis que l'Italie a perdu quatre places, et le Japon, deux. L'Allemagne a gagné deux places et le Royaume-Uni, une.
Fait intéressant, j'ai remarqué qu'en matière d'exécution des contrats, la Russie occupe le 19e rang alors que le Canada se classe 46e. La Russie obtient donc une bien meilleure note que le Canada à ce chapitre.
En comparant les pays du G8 dans toutes les catégories, on remarque que la Russie n'est ni la meilleure ni la pire économie. Elle se situe dans la moyenne. En fait, elle ne se trouve que très bas dans le classement pour la facilité à faire des affaires que dans deux domaines, soit les permis de construire et le commerce transfrontalier. Je crois qu'après la chute de l'Union soviétique, la Russie s'est retrouvée avec une série de règlements incomplets, avec différents États et plusieurs ordres de gouvernement ayant chacun ses règlements. La situation était plutôt compliquée. Nous y avons vu une occasion d'affaires, soit aider les entreprises du Canada et de la Russie à s'y retrouver dans cette bureaucratie pour arriver à leurs fins.
La Banque mondiale a entrepris l'an dernier des réformes, notamment en ce qui a trait à la liquidation, pour la simplifier, au statut juridique et aux créances garanties. Le taux d'imposition des sociétés est passé de 24 à 20 p. 100, et le transfert de propriété a été accéléré grâce à la rédaction de nouveaux documents qui ont remplacé les documents d'inventaire et les plans cadastraux.
Comme je l'ai dit dans mon introduction, notre entreprise est maintenant la seule société privée au Canada à représenter la Chambre de commerce et d'industrie de la fédération de Russie, et la présidente, Mme Bobrysheva, en est actuellement la représentante officielle au Canada.
Il y a un peu plus d'un an, je suis devenu le représentant des États-Unis et du Canada pour le Comité moscovite des sciences et de la technologie. Le Comité moscovite des sciences et de la technologie ressemble à l'Alberta Research Council. Après la chute de l'Union soviétique, les scientifiques ont reçu des fonds des secteurs privé et public pour faire de la recherche fondamentale. Certaines découvertes sont maintenant prêtes à être commercialisées, comme de l'équipement écologique et d'autres choses auxquelles on ne se serait pas attendu de la Russie.
Nous avons déjà des accords avec des organisations russes. Les chambres de commerce dont nous avons parlé en sont un exemple. Nous avons également un accord avec le Centre de coopération des entreprises et les Services de recrutement UNITY, ce qui nous permet d'aider les entreprises canadiennes à embaucher des employés russes. L'Alberta a souffert d'une pénurie d'ingénieurs dans le secteur pétrolier. Cette pénurie s'est atténuée, mais elle a vraiment sévi il y a quelques années.
J'aimerais insister sur le fait qu'il ne s'agit pas que de simples partenariats, mais bien d'accords bilatéraux. Nous sommes en discussion avec une cinquantaine d'organisations russes, gouvernementales ou autres, et du secteur privé. Nous pouvons favoriser l'établissement de relations avec les organisations qui désirent travailler avec la Russie et aider les entreprises russes qui veulent travailler avec des entreprises canadiennes.
Deux des éléments clés sont, évidemment, la volonté et la nécessité de faire affaire avec la Russie ainsi que le fait de pouvoir compter sur du personnel qualifié. En Russie, la culture d'entreprise est différente et parfois surprenante. Ainsi, très peu de gens d'affaires russes utilisent la messagerie vocale, ce qui est plutôt incroyable. Ils ne prennent pas de messages et n'en laissent pas non plus. Ajoutez à ça la barrière linguistique et les fuseaux horaires, et vous constaterez que des choses toutes simples peuvent vraiment devenir ennuyeuses.
Nous avons consacré notre temps à élaborer un système pour aider les entreprises de la Russie et du Canada à se réunir et à travailler ensemble. Je dois dire que la Russie s'intéresse de plus en plus au Canada. De manière générale, on peut dire que la fédération de Russie fait sensiblement la même chose que nous. Elle sait qu'elle doit collaborer à l'échelle mondiale et appuyer le commerce international. Elle fait face aux mêmes problèmes que le Canada, comme le déplacement des emplois vers l'étranger et le coût de la main-d'œuvre, qui est moins élevé dans d'autres pays. Il y a de nombreuses similarités entre ce que nous sommes, où ils en sont et la direction que veulent prendre les deux pays.
Nous avons tiré quelques conclusions. Premièrement, quels sont les éléments nécessaires à l'établissement de relations entre le Canada et la Russie? Deuxièmement, que devons-nous faire pour obtenir de bons résultats?
Trois principaux points se dégagent de ces questions. Tout d'abord, nous avons besoin de données récentes, objectives et impartiales sur la situation dans les milieux politique, économique et social en Russie. Nous constatons que les médias de masse occidentaux ont généralement une opinion partiale de la Russie. La plupart des organismes avec lesquels je collabore, organismes non gouvernementaux ou autres, en ont une étrange conception. Ils voient la Russie comme l'ont dépeinte les films hollywoodiens depuis 50 ans. La réalité est tout autre.
Par exemple, on peut lire dans le Calgary Herald de cette semaine un article de Deborah Yedlin, daté du 25 septembre 2009, intitulé « Russian gas play shows desperation ». L'auteure y dit :
Qu'une entreprise puisse envisager d'investir en Russie, un pays qui n'a toujours pas de loi prévoyant des recours quand les choses tournent mal, est plus que surprenant.
L'article est paru cette semaine et ce qu'il dit est faux. Nous savons, par la Chambre de commerce de Russie, qu'ils n'hésitent pas à faire tout de suite appel à la Banque mondiale lorsque la médiation s'avère nécessaire. Le système en place est expéditif. La Russie veut par ailleurs faire partie de l'Organisation mondiale du commerce, pour ne donner que cet exemple. Nos médias publient des articles qui confortent l'opinion du public, qui voit la Russie comme un gros méchant ours, ou comme elle est dépeinte dans les films. C'est décevant. Nous avons constaté ce fait plus d'une fois depuis le début de nos relations avec la Russie.
Le deuxième point est d'ordre pratique. Il existe peu de documents, de renseignements, de répertoires d'entreprises ou d'outils semblables dont peuvent se servir les entreprises canadiennes et russes pour entrer en contact. Nous encourageons tant la Russie que le Canada à réaliser un outil de ce genre. L'industrie pétrolière et gazière dispose d'un répertoire des membres représentant l'élite de l'industrie, avec leurs coordonnées complètes.
Le troisième point touche la recherche de partenaires et l'obtention de données authentiques. Le principe de « diligence raisonnable » doit être appliqué au moment de vérifier les antécédents d'un éventuel partenaire. Quand une entreprise désire conclure des contrats avec le Canada, avec les États-Unis ou avec tout autre pays, il faut vérifier s'il s'agit d'un partenaire fiable. La Chambre de commerce et d'industrie de la fédération de Russie tient un registre de partenaires russes fiables. Les entreprises doivent réussir une série d'examens rigoureux pour figurer sur cette liste. La Chambre peut fournir un profil et des renseignements détaillés sur ces entreprises, allant jusqu'aux données financières. Vous pouvez ainsi vous assurer qu'elles ont bien réussi les tests de base. La responsabilité sociale, la stabilité financière, l'âge de l'entreprise et d'autres facteurs sont pris en compte, comme on le ferait pour une entreprise canadienne.
Un secteur de la Chambre de commerce est responsable de ce registre. Il s'agit du Service de la sécurité économique et de la lutte contre la corruption. Une des priorités du président Medvedev est d'éliminer la corruption au pays. En lisant les journaux canadiens, on constate que le Canada a aussi des problèmes à cet égard. Néanmoins, les Russes ont pris des mesures pour corriger cette image et déploient beaucoup d'efforts pour éliminer toute corruption réelle et perçue.
Selon ce que nous avons entendu dire, la Russie aimerait bien que le Canada en fasse autant. Les entreprises russes se posent les mêmes questions que les entreprises canadiennes. Elles veulent être certaines que leurs partenaires canadiens potentiels sont fiables. Elles aimeraient notamment que les antécédents des entreprises canadiennes soient vérifiés.
La Chambre de commerce et d'industrie de la fédération de Russie nous a récemment demandé de conclure des accords bilatéraux avec la Chambre de commerce du Canada et avec Manufacturiers et Exportateurs du Canada. Nous avons le plaisir de vous informer que nous avons rencontré ces deux organismes cette semaine.
J'aimerais maintenant vous parler un peu de la Chambre de commerce de Russie. Cette chambre n'est pas l'équivalent de la Chambre de commerce du Canada. Il s'agit d'un organisme non gouvernemental sans but lucratif qui a toutefois une certaine compétence législative. Elle ne participe pas directement au processus d'attribution des permis aux entreprises, mais elle a plus de pouvoirs que n'en ont habituellement les chambres de commerce au Canada.
La Chambre de commerce de Russie poursuit plusieurs objectifs. Elle vise à développer les secteurs de haute technologie. Elle a déployé beaucoup d'efforts pour représenter et protéger les intérêts des entreprises. Elle est très active dans les domaines des brevets, de la protection de la propriété intellectuelle, et cetera. Elle participe à l'établissement de l'infrastructure des services, établit et entretien des liens avec les partenaires étrangers. En plus d'autoriser les entreprises canadiennes à s'établir en Russie, elle les aide à établir des liens avec les entreprises russes. Elle fait la promotion des entreprises canadiennes, et cette promotion se fait de diverses manières, la plus simple étant d'annoncer qu'une entreprise canadienne dans tel secteur est intéressée à faire des affaires en Russie et cherche un partenaire. Cette information est ensuite diffusée par les chambres de commerce régionales, et si quelqu'un se montre intéressé, la Chambre de commerce de Russie en est informée. La Chambre appuie par ailleurs le principe de la saine gestion et de la responsabilité sociale dans le milieu des affaires. Il y a de grandes entreprises canadiennes, je crois, surtout dans le secteur de l'or.
Une partie de l'accord traite de la recherche d'une infrastructure sociale. Si vous connaissez l'histoire de la Russie, vous savez que la chute de l'Union soviétique a entraîné la chute de tout le reste. Les médecins n'avaient plus d'emploi et certaines grandes entreprises ont pris la responsabilité de pourvoir aux besoins de leurs employés.
J'ai terminé mon exposé. J'espère que vous nous poserez des questions. Nous vous parlerons évidemment de notre expérience en toute franchise.
Le président : Merci, M. Borg. Madame Bobrysheva, voulez-vous prendre la parole?
Irina Bobrysheva, présidente, International Business Group Ltd. : J'aimerais ajouter quelque chose à ce que mon collègue a dit au sujet de notre entreprise.
Notre société n'offre pas qu'un ou deux types de services aux gens d'affaires canadiens. Nous avons élaboré un système pour faciliter les affaires en Russie, et avons établi des contacts avec les plus grands organismes des secteurs public et privé de Russie. Nous aidons les gens d'affaires canadiens à se rendre en Russie et à s'y sentir aussi à l'aise que s'ils étaient dans leur propre pays.
Le sénateur Wallin : J'aimerais remercier nos invités de leur présence aujourd'hui. Vous avez évidemment abordé les principaux points, notamment en ce qui a trait à la Banque mondiale. Mis à part les idées préconçues des médias, les mythes entourant la corruption et les différences culturelles, peut-on affirmer que les problèmes que vous percevez sont essentiellement d'ordre bureaucratique?
M. Borg : Oui, c'est juste. Du point de vue du Canada, cette bureaucratie est très lourde et est encouragée par la Banque mondiale. La bureaucratie est imposante. Par exemple, l'ambassade du Canada essaie depuis 20 ans de faire construire une nouvelle ambassade à Moscou. Elle a été retardée parce qu'elle ne savait pas à qui elle devait s'adresser. J'ai soulevé ce point lors d'une réunion avec des représentants de l'administration municipale moscovite. Ils m'ont répondu : « Nous sommes au courant de ce dossier depuis longtemps, mais personne n'a communiqué avec nous. » De toute évidence, les ambassades sont de compétence fédérale, mais les travaux de construction, à Moscou, relèvent de la planification municipale.
Personne n'a su comment faire progresser le dossier dans le système en place. Je ne sais pas si l'ambassade est en construction, mais c'est ce que nous avons compris de la situation. De la bureaucratie pure et simple.
Le sénateur Wallin : Que pouvez-vous conseiller à nos organismes gouvernementaux?
Par exemple, nous nous sommes intéressés à EDC, Exportation et développement Canada, cette année. À votre avis, est-ce qu'il y a des aspects que nous ne saisissons pas en ce qui concerne les affaires ici?
M. Borg : Votre question est bien vague. Je n'ai certainement pas tout compris dès le début. Peut-être étais-je naïf. Néanmoins, mon entreprise est petite, et si je regarde tout ce que nous avons réalisé en quatre courtes années pour créer de véritables liens à ces niveaux, oui, c'est tout à fait possible.
Je n'aurais jamais pu faire tout ça sans l'aide de Mme Bobrysheva et de ses relations. En passant, Mme Bobrysheva était sous-ministre du développement des petites entreprises à Moscou en 1991, alors peut-être le capitalisme russe est-il issu du travail qu'elle a accompli dans le domaine de la planification des affaires et des petites entreprises. Quelqu'un qui désirait ouvrir une pâtisserie ou tout autre commerce devait passer par l'administration municipale de Moscou, donc par Mme Bobrysheva et son service, pour que les choses se fassent.
Le sénateur Wallin : Je pense précisément à une entreprise comme EDC, qui est un organisme indépendant, mais qui a accès à des fonds publics.
M. Borg : La Russie est un pays très vaste. Comment savoir par où commencer? Nous avons entendu parler de la mission commerciale pendant nos réunions avec la Chambre de commerce de Russie. Nous avons entendu dire qu'Équipe Canada était allée en Russie, qu'on avait agité beaucoup de drapeaux et qu'il y avait beaucoup d'ententes à conclure, mais que rien ne s'était concrétisé. Il semble qu'il y ait un écart entre les idées et leur réalisation.
Cela s'explique en partie par le fait que les entreprises auront tendance à aller voir ailleurs si ça devient trop compliqué. C'est aussi simple que ça. Je crois que les Russes comprennent que leur système est compliqué et qu'ils tentent de le modifier. Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.
Le sénateur Wallin : Je vais vous en poser une très précise. Nous avions dans nos notes un article commenté par Tye Burt, président de Kinross. Ce problème s'est posé notamment en Chine et en Russie : pour vous y établir, vous devez avoir beaucoup d'argent et beaucoup de patience, et rien ne garantit que les choses vont aboutir.
Est-ce que les Russes comprennent que l'atmosphère doit être plus amicale ou qu'ils devraient prévoir une certaine compensation, pour les entreprises qui viennent chez eux et investissent beaucoup, lorsqu'une entente tombe à l'eau pour une raison ou pour une autre? De tels obstacles ont nui à bon nombre d'entreprises, sauf aux très grandes et très riches qui pouvaient se permettre d'attendre 20 ans.
M. Borg : C'est vrai. Kinross est un bon exemple. Elle arrive à obtenir des permis d'exploitation pour des mines situées dans des pays développés dans un délai raisonnable. C'est faisable. Il suffit d'avoir des gens qui s'occupent des détails, de comprendre les particularités bureaucratiques, de savoir dans quel ordre les choses doivent être faites, et cetera.
L'objectif de la bureaucratie est de ralentir les gens. C'est pratiquement sa raison d'être. Même au Canada, l'obtention d'un permis d'exploitation de sables bitumineux prend des années. On n'est même jamais sûr de l'obtenir. La situation n'est pas très différente là-bas, mais on ne sait pas trop comment ça se passe. On peut faire beaucoup de travail préparatoire avant d'investir de façon importante.
Je comprends ce que vous voulez dire. Je ne me souviens pas du terme exact, mais cela a quelque chose à voir avec la protection des investisseurs et tout ce qui l'entoure.
Le sénateur Wallin : Oui, on vous donne le feu vert lorsque vous avez investi un certain montant. La plupart des accords commerciaux prévoient d'ailleurs le versement d'un montant en retour.
M. Borg : Je sais que la Russie aimerait faire partie de l'Organisation mondiale du commerce, alors les mécanismes en place serviraient ce but. Je crois qu'il faudrait aborder ce point avec eux et leur dire : « Voilà ce que les investisseurs veulent. »
Le président : Vous venez tout juste de poser une question que nous aurions dû vous poser : que veulent les investisseurs?
M. Borg : Des profits. L'objectif d'une entreprise est de faire des profits.
Le président : Pour arriver à faire des profits, les investisseurs ont besoin de savoir certaines choses élémentaires. À votre avis, que devraient-ils chercher en Russie? Peuvent-ils l'obtenir?
M. Borg : Je crois qu'ils le peuvent. Les discussions avec le gouvernement fédéral, les gouvernements des sujets et les chambres de commerce russes ont été encourageantes. Les Russes comprennent vraiment qu'ils doivent prendre part au commerce mondial. Ils comprennent la réticence des investisseurs. Je crois que M. Poutine a rencontré 10 des plus grandes compagnies pétrolières dans l'objectif de développer un autre champ de gaz, il y a 7 ou 10 jours.
Il faut savoir qu'il est impossible, aujourd'hui, de faire un profit de 1 000 p. 100 en Russie. On ne peut pas s'attendre à ça. Mais on peut s'attendre à conclure une entente juste et équilibrée.
Shell a eu des problèmes dans l'île Sakhaline parce qu'elle n'avait pas de partenaire russe. Le coût de l'investissement a doublé et aucune redevance n'a été versée. L'usine d'ExxonMobil, de son côté, n'a pas eu de problème parce que l'entente prévoyait la participation d'intérêts russes à hauteur de 52 p. 100.
Les investisseurs qui veulent des ententes justes et équilibrées qui profiteront à toutes les parties verront les portes s'ouvrir devant eux. Les gens d'affaires russes estiment pour la plupart qu'on a abusé d'eux au début des années 1990 en leur faisant signer des ententes unilatérales qui ont généré un profit de 1 000 p. 100. Ils sont maintenant plus réticents. Ils sont beaucoup plus durs et astucieux qu'il y a 15 ans, alors il n'est pas aussi facile qu'avant de travailler avec eux. Je crois toutefois qu'il y a de grandes possibilités.
Le sénateur Mahovlich : J'ai fait affaire avec Pepsi Cola dans les années 1970. Pepsi Cola a conclu une entente avec les Russes. Les Russes pouvaient vendre leur vodka aux États-Unis et recevaient du Pepsi en échange. Ce qu'ils ont fait, cependant, c'est qu'au lieu de mettre, disons, une once de sirop dans chaque bouteille de Pepsi, ils n'en ont mis qu'une demi-once puis ont expédié le tout. La qualité était moindre, selon Pepsi Cola, mais les Russes l'ignoraient parce qu'ils n'avaient jamais bu de Pepsi. Est-ce que la situation a été rectifiée? Peut-on boire du Pepsi-Cola en Russie aujourd'hui?
M. Borg : Oui, et aussi du Coca-Cola. Vous pouvez donc en comparer le goût.
Le sénateur Mahovlich : Est-ce qu'il y a beaucoup de restaurants McDonald's en Russie?
M. Borg : Oui, beaucoup. Mais la culture russe est fondamentalement différente de la nôtre à cet égard. Il y a relativement peu de restaurants rapides à Moscou, et il n'y a aucun Tim Hortons. D'un point de vue culturel, je crois que c'est ce que les Russes veulent. Ils veulent prendre un café, mais s'ils mangent à l'extérieur, c'est davantage pour l'aspect social de la sortie.
Leurs restaurants rapides ne sont pas les mêmes que les nôtres. Mais si vous voulez vous faire livrer une pizza de Pizza Hut et que vous êtes à Moscou, vous le pouvez. Le numéro de téléphone est le même; seul l'indicatif régional est différent. Vous pouvez trouver n'importe quel produit étranger en Russie. Ça m'a étonné.
Par exemple, si je veux boire du whisky canadien, j'en trouverai sur les tablettes à Moscou, à côté de la vodka russe. J'ai constaté que les Russes qui avaient goûté au whisky canadien l'appréciaient beaucoup. Ils ne pensaient pas le trouver si bon. Ils s'attendaient davantage à ce qu'il goûte le scotch ou le bourbon. Vous trouverez beaucoup de marchandises occidentales, surtout à Moscou. C'est une très grande ville cosmopolite.
En 1972, il y a eu le hockey. C'était il y a longtemps. Le pays a connu une révolution depuis.
Le sénateur Mahovlich : Bien des problèmes ont été réglés.
M. Borg : Nous parlons d'éthique et de corruption à toutes nos réunions avec les Russes. En tant qu'entreprise canadienne, je veux faire affaire avec une entreprise honnête, fiable, qui a un sens de l'éthique et qui est socialement responsable. C'est ce que les Russes offrent. Il y a, bien sûr, des gens malhonnêtes dans le monde, et si vous en cherchez, vous en trouverez.
Le sénateur Mahovlich : En 2002, on s'est emparé d'un hôtel de Moscou appartenant à des Canadiens. Est-ce que le problème a été réglé?
M. Borg : Je pense que le premier ministre Harper a parlé directement de cette situation avec le président Poutine. D'après ce que nous avons su, la question est réglée. Des événements comme celui-là se sont effectivement produits, et ce n'était pas juste.
Le sénateur Mahovlich : Frank Stronach vend maintenant des automobiles. Il espère vendre beaucoup d'automobiles en Russie. Je crois qu'il a des partenaires russes.
M. Borg : Oui. Une banque finance son entreprise. Laquelle déjà?
Mme Bobrysheva : Il s'agit de Sberbank et Magna.
M. Borg : Mme Bobrysheva conduisait une Opel en Russie. Peut-être qu'elle peut maintenant s'en procurer une au Canada.
L'histoire de Magna International est incroyable. Ses débuts ont été laborieux et la voici devenue un fabricant mondial d'automobiles. Il y a des exemples de réussites, de grandes réussites même.
En fin de compte, l'économie de nombreux pays repose sur les petites entreprises. Nous entendons parler des réussites des grandes entreprises, mais les petites en ont aussi à raconter.
Le sénateur Stewart Olsen : Selon vous, qui est le plus avantagé? Est-il plus avantageux pour nous de faire des affaires en Russie, ou pour la Russie de faire des affaires avec nous?
M. Borg : Si on se fie aux témoignages entendus aujourd'hui, ce sont les entreprises russes qui sont plus intéressées à faire affaire avec le Canada. Nous sommes actuellement à la recherche de partenaires canadiens dans les industries forestière, agricole, minière, pétrolière et gazière.
Par exemple, nous avons appelé des partenaires canadiens potentiels de l'industrie minière, mais personne n'était intéressé. Ils n'ont même pas rappelé.
Dans l'industrie forestière, 80 p. 100 du bois d'œuvre résineux de la Russie est envoyé sous forme d'arbres, de bûches. Les bûches sont expédiées par navire-usine, et quand le navire arrive au Japon, les bûches ont été transformées en bois d'œuvre. Puis, ils le rachètent sous forme de meubles. Ils ont compris que pour donner une valeur ajoutée aux produits forestiers, ils devaient les transformer dans leur propre pays.
Le secteur du bois d'œuvre résineux offre de bonnes occasions de faire du développement intégré en collaboration et de redonner à l'industrie forestière la place qu'elle occupait dans les années 1970. Le Danemark n'est pas content parce qu'il reçoit des arbres, mais parce qu'il profite de la valeur ajoutée.
C'est ce que le Canada faisait il y a 75 ans. Nous ne vendions que des arbres, pas de bois d'œuvre. La Russie se heurte actuellement aux problèmes que nous avons connus dans le passé. C'est une occasion.
Donc, c'est surtout la Russie qui manifeste un intérêt.
Le sénateur Stewart Olsen : En parcourant votre mémoire, je constate qu'il y a beaucoup de possibilités dans le domaine des ressources naturelles. Y a-t-il aussi des occasions pour nous dans les secteurs des services de santé et des technologies, par exemple?
M. Borg : Le secteur de la santé est intéressant. Les médecins moscovites font des visites à domicile. Il y a deux régimes : un régime public, accessible à tous, et un régime privé. Si vous désirez passer devant tout le monde, vous pouvez payer pour voir un médecin.
Notre guide touristique à Saint-Pétersbourg nous a raconté qu'elle avait mal à la jambe. Elle est allée voir un médecin en passant par le régime public, mais n'a pas aimé son diagnostic. Elle a donc décidé de payer 50 $ pour passer par le régime privé. Elle a vu le même médecin, qui l'a remerciée pour son argent, mais qui a posé le même diagnostic.
Le Canada pourrait peut-être tirer quelques leçons de ce qui se fait en Russie. Il s'agit d'une question très sensible, mais au moins, nous n'avons pas à subir le débat qui fait rage chez nos voisins du Sud. Le débat entourant les soins de santé a sombré dans l'irréalité.
Le sénateur Stewart Olsen : Vous recommandez donc aux gens d'affaires de faire preuve de prudence. Les possibilités sont là, et ils peuvent s'attendre à être traités équitablement.
M. Borg : Absolument. Vous dites de faire preuve de prudence, mais ce serait la même chose si vous abordiez une entreprise de la Saskatchewan alors que vous êtes établi en Alberta. Il faut toujours faire preuve de prudence en affaires. Il y a des risques, il faut investir, et vous devez faire des gains.
Le sénateur Wallin : C'est plutôt l'inverse.
M. Borg : Oui. Le sénateur Wallin vient de la Saskatchewan.
Le président : De toute évidence, beaucoup de ressources gouvernementales, fédérales et provinciales, mais principalement fédérales, sont consacrées à l'accroissement des échanges commerciaux et des investissements dans le monde entier. Que fait notre gouvernement en Russie?
M. Borg : Je ne pense pas qu'il y fait un très bon travail. La seule mission que nous avons est à Moscou. L'autre mission a été abandonnée. Par exemple, à une réunion de la Chambre de commerce de Moscou, on m'a dit : « Lorsque vous retournerez au Canada, dites aux gens que nous les invitons à venir discuter de questions économiques ou autres avec nous chaque année. » Ils invitent des missions commerciales à Moscou, mais personne n'y va.
Comme c'est le cas dans bien des ministères, les employés sont en nombre insuffisant et sont surchargés. C'est la réalité d'aujourd'hui. Au cours de nos discussions avec le gouvernement de l'Alberta, la semaine dernière, nous avons appris qu'il avait prévu ouvrir un bureau commercial en Russie avant que la récession frappe. Il est crucial d'être présent sur place, à Moscou ou dans les régions. Les gens veulent discuter en personne.
Le président : Est-ce que les petites et moyennes entreprises ont les mêmes problèmes? En ont-elles davantage ou moins?
M. Borg : Je dirige une petite entreprise. Si elle était plus petite, je n'aurais probablement plus d'emploi. Malgré tous les programmes mis en place au Canada pour combattre la récession, le seul qui va me toucher fera augmenter mes cotisations d'assurance-emploi.
Toutes les petites entreprises connaissent les mêmes problèmes. Le crédit en est toujours un. On est en quelque sorte un homme ou une femme à tout faire. Néanmoins, les petites entreprises sont agiles. Elles peuvent réaliser des choses incroyables simplement parce qu'elles doivent le faire.
La Chambre de commerce de Russie appuie les petites, moyennes et grandes entreprises, mais se concentre surtout sur les petites et les moyennes. ExxonMobil n'a probablement pas besoin de notre aide. Les grosses entreprises peuvent réussir seules. Ce sont les petites et les moyennes qui ont besoin d'un coup de pouce pour réussir.
Le sénateur Downe : J'aimerais clarifier un point : votre entreprise représente la Chambre de commerce de Russie au Canada, c'est bien cela?
M. Borg : Oui.
Le sénateur Downe : Est-ce qu'elle vous verse un salaire?
M. Borg : Non, nous la représentons. Elle offre des services tarifés, que nous pouvons facturer et dont nous pouvons majorer le prix. Mme Bobrysheva n'est pas rémunérée. Nous avons un accord de coopération. Nous représentons la Chambre, mais nous ne recevons le soutien d'aucun organisme gouvernemental du Canada ou de la Russie ni d'aucun établissement financier. Tout ce que nous avons fait, nous l'avons financé et réalisé seuls.
Le sénateur Downe : Je vous remercie. J'ai ici un document d'information où on peut lire que la présidente est une employée de la Chambre de commerce et d'industrie. Est-ce exact?
M. Borg : Quel est le titre exact de votre poste?
Mme Bobrysheva : Vous trouverez le titre de mon poste au point no 2 du document d'information sur la Chambre de commerce de Russie. La Chambre a des bureaux officiels dans de nombreux pays. Il y en a environ 17. Tous ces bureaux comptent du personnel permanent. Il y a aussi une dizaine de représentants temporaires qui ne font pas partie du personnel et qui ne sont pas rémunérés. Nous ne recevons pas de salaire de la Chambre de commerce de Russie, mais nous sommes nommés par le président de cette chambre, qui nous délivre un document officiel. Notre travail est donc régi par la Chambre de commerce de Russie.
Ma principale tâche est d'aider les entreprises canadiennes. J'offre les services de la Chambre de commerce de Russie, qui sont gratuits. Beaucoup de gens d'affaires canadiens viennent à notre bureau de Calgary. Je les rencontre et je réponds à leurs questions. J'effectue des recherches sur Internet, je demande aux services de la Chambre concernés de me fournir les renseignements demandés par les entreprises canadiennes.
Je suis un peu comme une gardienne d'enfants pour les gens qui ne connaissent pas du tout la Russie, qui ne savent pas comment y établir leur entreprise ni comment trouver des partenaires russes. Ils ont besoin de trouver les bonnes personnes et les bonnes entreprises. Les gens d'affaires doivent établir une relation de confiance dès le début. Nous utilisons les services de la Chambre de commerce de Russie et du ministère de la Sécurité économique pour vérifier la situation financière des entreprises, pour demander aux présidents ou aux directeurs généraux de nous fournir des dossiers documentaires et de l'information sur les projets de l'entreprise.
En tant que représentante, j'aide les gens d'affaires à déterminer s'il est plus avantageux pour eux de faire des affaires en Russie que dans un autre pays. Qu'il s'agisse d'une petite, moyenne ou grande entreprise, nous essayons de fournir suffisamment d'information aux gens d'affaires pour qu'ils puissent prendre eux-mêmes une décision. Les affaires sont toujours risquées et les entreprises veulent trouver l'endroit, le pays ou l'économie où elles pourront rentabiliser leur investissement le plus rapidement possible. Ce principe est à la base de l'économie.
Le sénateur Downe : Je vous remercie de nous avoir expliqué votre travail. Je suis convaincu que vos services sont très utiles. Vous avez toutefois été nommée par la Chambre de commerce et d'industrie de la fédération de Russie comme employée au Canada.
Mme Bobrysheva : Je suis représentante, mais je ne fais pas partie du personnel. Mon poste est temporaire.
Le sénateur Downe : Vous êtes donc une employée temporaire nommée par la Chambre de commerce et d'industrie de la fédération de Russie pour la représenter au Canada?
Mme Bobrysheva : Oui. C'est ce qui est indiqué à la page 9.
Le sénateur Downe : Vous avez déménagé de Moscou à Calgary pour occuper ce poste?
Mme Bobrysheva : Non. M. Borg m'a invitée à travailler pour son entreprise, Signal Safety & Training, en 2006. Son entreprise travaille avec les sociétés pétrolières et offre des services de génie. M. Borg voulait travailler avec les entreprises russes. Les circonstances dans lesquelles il m'a trouvée sont intéressantes. Il est venu à Moscou en 2005, et nous avons commencé à discuter de la manière dont il pourrait faire affaire avec les sociétés pétrolières russes. Je lui ai dit que je comprenais difficilement la situation de son entreprise à Calgary et que je n'avais encore jamais travaillé dans ce secteur de l'économie. J'avais de la difficulté à comprendre son plan d'affaires à l'époque.
Quand il m'a demandé de venir travailler pour son entreprise, j'ai compris qu'il ne serait pas facile de l'établir en Russie, surtout à cause de son nom. Je lui ai proposé de fonder une filiale. Finalement, nous avons décidé de créer International Business Group. Signal Safety & Training n'a pas de problème à cet égard, mais de nombreuses petites entreprises canadiennes n'ont pas suffisamment d'argent pour faire des recherches ou créer des filiales.
En tant que société d'experts-conseils, International Business Group a pour objectif de convaincre les gens qu'ils peuvent réussir, de les informer, de les aider à trouver le bon partenaire russe et à établir des liens avec les organismes gouvernementaux russes. Qu'on le veuille ou non, les organismes gouvernementaux russes ont encore beaucoup à voir dans le développement des entreprises. Il est difficile d'en fonder une sans leur autorisation. Je ne dis pas qu'ils ont beaucoup d'influence, mais ils en ont.
Le sénateur Downe : La Chambre de commerce et d'industrie de la fédération de Russie est un organisme non gouvernemental sans but lucratif. Toutefois, comme vous l'avez mentionné plus tôt, elle compte 17 employés permanents et 10 employés temporaires dans des bureaux établis dans le monde entier. Quelles sont ses sources de financement? Reçoit-elle de l'argent du gouvernement russe?
Mme Bobrysheva : Non, la Chambre ne reçoit pas d'argent du gouvernement russe. Le mode de financement est le même que celui de la Chambre de commerce du Canada. Elle regroupe des membres, et on peut savoir combien de chambres de commerce régionales ou locales sont membres de la chambre fédérale. Elles ont des liens financiers entre elles. C'est la première source de revenus.
Chaque chambre de commerce, tant régionale que fédérale, offre des services. C'est la deuxième source.
Ensuite, les chambres ont leur propre structure d'entreprise. Elles peuvent faire des affaires et se servir des profits pour atteindre leurs objectifs.
Ce sont là les trois principales sources de revenus de la Chambre de commerce de Russie.
Le sénateur Downe : Puisqu'il s'agit d'un organisme non gouvernemental, que vous n'avez donc pas de lien avec le gouvernement, je suppose que vous n'avez pas de passeport diplomatique?
Mme Bobrysheva : Non, je ne suis pas une diplomate.
Le sénateur Smith : J'aimerais revenir sur un point que le sénateur Mahovlich a abordé, celui de l'hôtel.
Gardez cet exemple à l'esprit et reportez-vous aux années 1990. Des choses incroyables se sont produites alors. On pouvait acheter des choses pour une fraction de leur valeur, placer des millions à Zurich ou ailleurs. Ça ne pourrait pas arriver dans une société ayant une culture d'entreprise exhaustive. On met des années — et je vous dis cela notamment en tant qu'avocat — à établir la primauté du droit pour combattre la corruption et faire respecter les droits. Ce qui semble s'être produit dans ce cas, c'est qu'il n'y avait pas de règle de droit, et que quelqu'un s'est emparé de l'hôtel. Le gouvernement russe s'est rendu compte que de telles situations ne pouvaient se produire s'il souhaitait attirer les investissements étrangers.
On met des années à établir une culture de libre entreprise exhaustive. On met des années à établir la primauté du droit pour combattre la corruption. Je pense que ce qui s'est passé là-bas, c'est que les tribunaux pas n'ont pas statué sur la question. Le gouvernement s'est rendu compte que ça lui nuisait et il a pris diverses mesures pour régler la question, car il ne voulait pas compromettre sa réputation.
J'ai l'impression que ces choses sont encore davantage réglementées par des décrets que par des règles de droit lorsque ce sont les tribunaux qui doivent faire respecter les droits, si nécessaire, et que, dans une certaine mesure, les ministères et les organismes peuvent dire, de façon arbitraire et unilatérale, « voici comment nous allons procéder ».
Est-ce là un portrait représentatif? Se dirige-t-on vers un régime de libre entreprise semblable à celui de l'Europe de l'Ouest, où on n'aura pas à craindre les coups fumants?
M. Borg : Je vais tenter de vous répondre. Il faut savoir que, en 1991, lorsque Boris Eltsine a orchestré un coup d'État et a réquisitionné les services de la télévision pour faire sa propagande, la Russie était un pays où chaque parcelle de terrain, chaque appartement et chaque maison étaient la propriété du gouvernement, il n'y avait aucun mécanisme monétaire pour les citoyens. Le gouvernement vous donnait une maison. Vous pouviez avoir de la nourriture, vous pouviez tout faire, vous receviez une allocation qui vous permettait d'aller souper au restaurant avec votre famille une fois par semaine. Du jour au lendemain, littéralement, le pays est tombé dans l'anarchie économique. Il n'y avait aucun régime.
J'ai parlé des problèmes de l'industrie du bois d'œuvre résineux. Le système de gestion des forêts fonctionnait bien sous le régime soviétique, mais pendant cette période d'anarchie, certains se sont grandement enrichis. On les appelle maintenant les oligarques. Ces personnes ont littéralement volé un champ de pétrole. Les parents d'Irina étaient déjà à la retraite. La personne qui dirigeait la banque a pris le contrôle de la banque et tout l'argent qui s'y trouvait. Ils sont passés d'un régime intégré, sous les communistes, à aucun régime du tout. Durant cette période d'anarchie, il y a eu des opportunistes. Un oligarque de 42 ans, orphelin, se classe aujourd'hui au 4e rang des personnes les plus riches du monde. Pourtant, il ne fait rien. Comment est-ce possible? C'était l'anarchie totale. Certains en ont profité.
Les immeubles d'appartements étaient la propriété du gouvernement. Quelqu'un est venu et a dit « je peux comprendre le système et cet immeuble peut être à moi ». Il a mis tout le monde à la rue et a fait des rénovations. Cela a pris des années. La Russie de 2009 n'est pas la même que celle de 1999, et surtout pas la même que celle de 1991.
Nous avons conclu un accord avec l'association des avocats de Moscou. Ainsi, grâce à la Chambre, à la médiation et à la primauté du droit, le droit d'auteur est protégé d'une certaine manière. Je connais des pays avec qui le Canada fait affaire où on pense que « droit d'auteur » signifie « droit de copier un auteur ». Il faut parfois du temps avant que les gens comprennent le fonctionnement.
J'ai demandé à des personnes en Russie si elles avaient confiance en la dernière élection, et elles ont dit que la dernière élection était bonne, qu'elles croyaient vraiment que, cette fois, c'était une bonne élection. Les Russes ont connu 1 000 ans de dictature et 10 ans de démocratie.
Le sénateur Smith : Cela n'arrive pas du jour au lendemain.
M. Borg : En effet. La période Eltsine représente une Russie, la période Poutine en représente une autre, et la période Medvedev en représentera une autre encore. Ce pays évolue rapidement, dans la direction où nous voulons qu'il aille. Ce qui s'est passé avec l'hôtel serait beaucoup moins probable aujourd'hui qu'à l'époque. Nos mécanismes de protection, l'arbitrage international, toutes sortes de choses existent.
Le sénateur Smith : Vers la fin des années 1980, pendant les années Gorbatchev, et même avant, j'ai bien connu M. Yakovlev, qui a été ambassadeur au Canada. Je pourrais vous raconter de nombreuses histoires drôles et incroyables. J'ai très hâte à notre visite pour constater les différences.
M. Borg : Nous disons aux gens qui ne sont jamais allés en Russie d'oublier tout ce qu'ils pensent savoir, que la Russie est complètement différente. Une différence évidente, que j'ai remarquée la dernière fois que je suis allé en Russie, est que les policiers ne portent pas de gilets pare-balles et qu'ils se déplacent seuls. À Calgary, les policiers portent un gilet et se déplacent deux par deux. Si on se mettait à noter des aspects négatifs du Canada, on pourrait sans doute dépeindre le Canada comme un pays horrible. Par exemple, même s'il y a eu quatre meurtres tout près de notre bureau dans les deux dernières années, nous sommes au quotidien un pays civilisé et pacifique. La Russie veut le devenir aussi. En Russie, le citoyen ordinaire qui obéit aux règles et qui agit de façon rationnelle ne se fera jamais remarquer.
J'ai habité dans un royaume du Moyen-Orient pendant quelques années et on ne remarquait pas qu'il s'agissait d'un royaume. Rien n'y paraissait au quotidien. Je demande à des gens de Moscou quelles sont leurs priorités. Ils mentionnent le coût du logement, les soins de santé, la congestion sur les routes, la pollution de l'air et, peut-être, maintenant, la peur de perdre leur emploi. Ils ont les mêmes préoccupations d'ordre personnel que nous.
Le sénateur Smith : La première fois que j'y suis allé, c'était en 1969, à l'époque où on se savait sous surveillance la plupart du temps. On s'occupait bien de nous, mais tout ce que nous disions était rapporté. J'étais à Berlin en 1989 au moment de la chute du mur. C'est difficile de décrire l'ambiance. C'était incroyable.
M. Borg : La conception qu'avait M. Gorbatchev de la pérestroïka était bien acceptée par les Russes en général. Ils ont cependant été déçus qu'il ne l'ait pas vraiment accomplie. La période d'anarchie économique, au cours de laquelle quelques personnes ont mis la main sur les richesses du pays, a duré de six à huit ans. L'hôtel est un bon exemple. Quelqu'un s'est dit « je veux cet hôtel », et il s'en est emparé.
Le sénateur Smith : Certaines personnes célèbrent encore chaque année la mémoire de Staline et les beaux jours de la victoire.
M. Borg : Je sais que nous avons tous entendu parler de la Révolution bolchévique, mais si vous avez la chance de visiter des musées en Russie, vous pourrez voir les vêtements de bébé du tsar et tous les artefacts qui ont été conservés. Les Russes ont un grand sens de l'histoire et ne veulent pas l'effacer. Bonne ou mauvaise, c'est leur histoire, et ils veulent la préserver. De nombreuses personnes parlent en bien de Staline. La Russie est un grand pays et, à défaut d'autre chose, Staline a su le garder uni.
Le sénateur Mahovlich : Est-ce qu'ils se rendent encore sur la tombe de Lénine?
M. Borg : Oui. Je ne l'ai jamais fait. Elle est sur la place Rouge, donc vous passez à côté tout le temps, et apparemment, ils acceptent encore les visiteurs.
Le sénateur Robichaud : À quel point la langue est-elle un obstacle pour les Canadiens qui veulent faire des affaires en Russie?
M. Borg : C'est effectivement un obstacle. Les Russes conseillent souvent aux étrangers d'apprendre quelques mots, mais la langue demeure un obstacle. L'anglais n'est pas aussi courant à Moscou que dans d'autres pays. À ma première visite à Moscou, j'ai décidé de faire une promenade. Comme je ne pouvais lire le nom des rues, j'ai suivi la même rue et je suis resté du même côté sans jamais bifurquer, pour ne pas me perdre. J'étais tellement concentré que je devais avoir l'air d'un Russe, parce que des vieilles dames m'ont demandé leur chemin, et j'ai dû répondre que je ne parlais qu'anglais. Irina m'a appris à dire « je ne sais pas » en russe. La fois suivante, j'ai pu répondre que je ne savais pas, et la conversation en est restée là. J'ai dû apprendre le russe suffisamment pour pouvoir dire que je ne le parle pas. La langue est certainement un obstacle, mais dans les hautes sphères, on parle anglais.
Les accords sont signés en trois langues, à savoir le français, l'anglais et le russe, les trois versions faisant foi. Si une entreprise veut faire des affaires en Russie, elle signera l'accord en français, en anglais et en russe. Les services de traduction sont très bons et ne sont pas très chers. Oui, la langue est un obstacle, aucun doute là-dessus, et l'attitude par rapport au temps rend les choses plus difficiles encore, mais tout est possible.
Mme Bobrysheva : J'aimerais ajouter quelque chose au sujet de la langue. Un homme d'affaires canadien a déploré le fait qu'à Moscou, le nom des rues était écrit en russe et qu'il avait eu du mal à trouver l'immeuble qu'il cherchait. Ça peut ressembler à une blague, mais pouvez-vous imaginer un pays dont la langue n'est pas l'anglais qui installerait des panneaux en anglais, pour les touristes et les gens d'affaires?
Les Russes sont des gens très instruits. Avant l'effondrement de l'URSS, l'éducation était gratuite. L'école secondaire était gratuite pour tous. Vous deviez passer des examens, et votre succès dépendait de vous. Avant d'entrer à l'Université d'État de Moscou, j'ai dû subir quatre examens. J'ai obtenu d'excellentes notes et j'ai été acceptée.
Aujourd'hui, peu d'étudiants peuvent fréquenter gratuitement les instituts et les universités; la plupart doivent payer. Les familles n'ont pas toutes les moyens de payer, alors les enfants travaillent fort pour obtenir les meilleures notes possibles. Ils passent de nombreuses heures à faire leurs devoirs plutôt qu'à jouer avec leur amis ou à sortir. Ils accordent dorénavant beaucoup d'attention à l'anglais, car ils ont compris que le monde avait changé et que les Russes devaient penser à leur avenir, en travaillant de près avec d'autres pays, et ils savent que la langue est la clé du succès. Ce n'est pas uniquement une question de langue étrangère, mais de langue de communication. Il faut apprendre l'anglais, mais aussi l'anglais des affaires. À cet égard, nos jeunes se débrouillent très bien.
Je vais vous raconter une histoire à propos de mon fils. Lorsqu'il avait 14 ans, il m'a demandé : « Selon toi, qu'est-ce que je devrais faire plus tard? Quelle profession sera la plus avantageuse pour moi en Russie? » Comme je suis économiste, je lui ai suggéré de suivre mes traces, et je l'ai envoyé aux États-Unis. Il est entré à l'école préparatoire, il a passé des examens puis il a été accepté dans sept universités. Il a finalement obtenu un diplôme du Babson College, la meilleure école de gestion des États-Unis. Il a vécu à Boston une dizaine d'années, puis il a décidé de rentrer à Moscou. Je lui ai dit qu'il était devenu Américain. Après 10 ans dans un pays étranger, son anglais était impeccable. J'ai reçu de nombreuses lettres de ses professeurs d'anglais qui me confiaient avoir été surpris qu'il obtienne des notes parfaites. Il est rentré à Moscou pour étudier le fonctionnement du système économique russe pour bien le comprendre puis pouvoir travailler dans le pays de son choix.
Je ne cite pas cet exemple parce qu'il s'agit de mon fils. De nombreux jeunes font de même lorsque leurs parents peuvent se permettre de les envoyer étudier à l'étranger. Je connais de nombreux Russes qui ont obtenu un diplôme de l'Université de Calgary et qui sont rentrés en Russie. Ils représentent les possibilités qu'auront les deux pays de faire des affaires ensemble. Ils connaissent la langue anglaise. Ils connaissent la culture. Ils ont des amis ici qui deviendront peut-être des gens d'affaires.
Le président : Je n'ai plus de nom sur ma liste, alors je vais poser moi-même quelques questions, entre autres au sujet d'EDC, Exportation et développement Canada. À votre avis, en font-ils assez en Russie?
M. Borg : En un mot, non. En ce moment, nous avons plus de difficulté à faire des affaires du côté canadien que du côté russe. Cela a pris du temps, et comme nous nous finançons entièrement nous-mêmes, nous n'avons pas pu faire cela de façon instantanée et embaucher beaucoup de personnel. En trois ans, nous avons fait des progrès, et c'est uniquement cette année que nous avons commencé à représenter la Chambre de commerce de Russie. Il y a donc des progrès. Du côté canadien, nous apprenons à connaître les organismes et établissons des liens. Nous nous percevons comme des bâtisseurs de ponts — à péage — entre les deux pays, mais le droit à verser sera modique. La question sur la rémunération d'Irina par la Chambre de commerce est pertinente. La terminologie prête à confusion, ça ne fait aucun doute.
Notre créneau est la mise en relation de sociétés russes et de sociétés canadiennes, et nous offrons des services pour concrétiser tout ça. Par exemple, si quelqu'un voulait importer du whisky canadien en Russie, nous servirions d'expéditeur. Nous recevrions un pourcentage, calculée en fonction du nombre de conteneurs. Ces activités commerciales sont une source de revenus. Bien sûr, nous faisons des démarches auprès d'organisations canadiennes, et la Russie nous a demandé de concrétiser ces liens.
Le président : Si vous pouviez écrire une recommandation pour notre rapport, particulièrement en ce qui a trait à la participation du gouvernement canadien et des ministères concernés, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, que suggéreriez-vous de faire qui ne se fait pas en ce moment?
M. Borg : Le point qui revient constamment est une présence dans le pays où vous voulez faire des affaires. Ça semble essentiel.
À titre d'exemple, mentionnons que le Canada est un des pays où les gens d'affaires russes ont le plus de mal à entrer. La délivrance de visas prend de 30 à 35 jours, et votre demande peut être rejetée après ce délai. Jusqu'à récemment, il fallait remettre son passeport pour 30 jours, et les gens d'affaires ne peuvent y consentir. Pour les affaires, si je veux aller en Russie rapidement, je paie des frais plus élevés pour obtenir mon visa et je l'obtiens en moins de 24 heures. Je suis Canadien, donc j'ignore comment les choses se passent pour les Russes qui veulent venir au Canada, mais j'ai entendu cette plainte à de nombreuses reprises. Même les membres de la mission canadienne nous ont dit « si vous parlez aux politiciens, mentionnez ce problème », et le gouvernement russe a dit la même chose. Notre système de visas est un gros obstacle pour les gens d'affaires russes. Si vous pouviez faire une seule chose, ce serait de régler ce problème, de faciliter la délivrance de visas.
Mme Bobrysheva : Nous avons déjà parlé du fait qu'il n'y a pas suffisamment d'information sur la Russie au Canada, et vice versa. À mon arrivée au Canada, j'ai été surprise de constater qu'il n'y avait rien au sujet de la fédération de Russie.
En cherchant, vous pouvez trouver des articles dans certains magazines ou de petits articles dans les journaux, mais la plupart du temps, il s'agit d'une copie d'une autre publication. Ce n'est pas un point de vue canadien, ou alors l'information n'est pas exacte. Ça m'a déçue, car la Russie a de belles histoires et réalisations à son actif. La Russie a beaucoup à faire découvrir au Canada, et il faut écrire là-dessus. Nous devons informer les gens. Ensuite, les gens seront intéressés à faire des affaires avec la Russie ou avec un autre pays.
Comme nous l'avons dit, les affaires relèvent du secteur privé. Nous ne pouvons pas forcer les gens à faire des affaires avec la Russie. Il faut informer les gens d'affaires des risques, des possibilités de faire des profits, de la rapidité à laquelle ils peuvent rentabiliser leurs activités, des difficultés auxquelles ils feront face. Par exemple, est-ce que l'obstacle de la langue est réel ou non? Les gens n'en ont aucune idée. Ils vont en Russie et ils doivent savoir à qui ils peuvent parler en anglais. Ensuite, ils ignorent complètement quelles portes ils devront ouvrir. Ils pourraient avoir besoin de consultants, comme International Business Group, pour les aider par rapport à la conjoncture russe, aux régions ou aux services offerts par les chambres de commerce, encore une fois dans les différentes régions. Les gens d'affaires ont commencé à faire appel aux chambres de commerce, par courriel, par téléphone ou par la poste.
Ce serait ma recommandation. Il faut se concentrer sur l'information. Quand j'ai commencé à travailler au Canada, lorsque nous avons commencé à tisser ce lien entre les deux pays, nous avons suggéré à la Chambre de commerce de Calgary et à la Chambre de commerce de Moscou de créer un projet international d'information, et nous l'avons fait en 2006. Nous l'avons appelé le « Centre d'information de Moscou ». « Moscou », car à ce moment-là, nous ne pouvions pas parler d'un centre « fédéral » puisque nous travaillions uniquement à l'échelle locale. Il s'agissait d'un projet pilote et nous avons reçu de nombreuses lettres de particuliers et d'entreprises, en provenance de plus de 30 pays, dans lesquelles on nous disait : « Merci beaucoup pour cette information. Nous savons que vous ne recevez pas suffisamment d'aide financière et que vous n'avez pas assez de personnel, mais ce que vous faites est utile, car maintenant nous pouvons obtenir l'information nécessaire sur les trois plus grandes régions de Russie, en l'occurrence Moscou, la république des Komis et la région de Primorski. »
Je veux mettre l'accent sur la république des Komis, parce que c'est la région la plus riche en ressources pétrolières et gazières. Pour notre entreprise en Alberta, à Calgary, cette région est la plus importante pour les affaires avec les sociétés pétrolières canadiennes.
Le président : Madame Bobrysheva et monsieur Borg, au nom de mes collègues, je veux vous remercier de votre présence et de vos témoignages, qui nous seront sans doute très utiles. Nous nous rendrons en Russie dans une dizaine de jours. L'information que vous nous avez fournie nous sera précieuse.
M. Borg : Merci. Ce fut un plaisir et un honneur. C'est ma première présence à une réunion d'un comité du Sénat et ma première visite à Ottawa. Ce fut une expérience exceptionnelle.
Nous aimerions vous faire une offre. Nous serions heureux de vous aider à préparer votre voyage, par exemple si vous voulez rencontrer la Chambre de commerce de Russie. Je suis convaincu que vous aimerez votre voyage. C'est un pays fantastique. Si vous l'abordez avec un esprit ouvert, ce pays vous surprendra.
J'ignore si cela respecte le protocole, mais nous avons un petit cadeau à vous remettre de la part de la ville de Moscou, si c'est permis.
Le président : Oui. Je vous remercie.
Pendant ce temps, je profite de l'occasion, chers collègues, pour vous informer que j'ai invité l'ambassadeur Mamedov, de la république de Russie, à déjeuner mercredi prochain. Les membres du comité, particulièrement ceux qui prendront part au voyage en Russie, recevront une note de service officielle lorsque le déjeuner sera confirmé. J'invite ceux d'entre vous qui souhaitent y assister à nous le faire savoir pour que nous puissions faire les réservations au restaurant du Parlement ou ailleurs.
(La séance est levée.)
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